mardi 17 novembre 2020

Droit à l'erreur

J'ai eu le droit à une question qui m'a touché récemment : "et toi, le droit à l'erreur tu y crois vraiment?"

"Car cela peut avoir des conséquences de se tromper, pour l'entreprise, pour les gens qui t'entourent..."

Je pense que la question est légitime, et j'aimerai y apporter ma réflexion.

Oui, je crois au droit à l'erreur. Mais qu'est ce que cela signifie?

Le droit à l'erreur dans l'agilité

Le droit à l'erreur est une notion importante en agilité. 

De par l'observation de nos projets, nous savons que le résultat n'est que très rarement au niveau de ce qui était attendu. Alors par honnêteté intellectuelle, plutôt que croire que nous pourrons être au niveau zéro erreur, nous prenons le parti de se dire, que cela va arriver.

Un projet, et notamment informatique, est une chronologie de choses imprévues, et d'erreur à tous les niveaux de la chaîne. Et cela s'explique, il n'y a pas à chercher à créer un monde parfait, et rigide, au contraire, c'est un monde changeant et mouvant. Il n'est pas possible de tout prévoir.

Du coup, le parti pris est d'accepter les erreurs, mais d'en atténuer les impacts. On peut se tromper, mais il faut être en capacité de vite récupérer son erreur.

On met en place des cycles courts, des itérations, des démonstrations afin de récupérer du feedback (que cela soit auprès des utilisateurs, mais aussi auprès des "machines" : est ce que l'installation fonctionne, la charge est supportée....), trouver des solutions ensemble, et mettre en place des plans d'amélioration pour être meilleur à chaque fois.

Du coup, la gestion de l'erreur doit être dans une perspective d'apprentissage. On a essayé quelque chose, on s'est trompé, mais on a appris, et on fiabilise du coup ce que nous faisons.

Dans ce cadre, où l'impact est limité par une prise en charge rapide de l'erreur, les personnes se sentent plus confortables, car elles savent qu'elles peuvent:

  • Ne pas être parfait (ce qui est une injonction ne pouvant pas être respectée par défaut), et que si jamais elles se trompent, elles ne seront pas pointés du doigt
  • Essayer de nouvelles choses, et que si cela réussit, cela apporte des choses très positives, et que si cela échoue, l'erreur ne met pas en péril le projet, car la portée est limitée et on aura appris de cette expérience

Errare Humanum Est

D'une manière plus large, la vie est une longue expérimentation. Heureusement pour nous, nous ne savons pas tout sur tout, et l'ensemble des contraintes et des pressions nous poussent à faire des choses qui sortent soit du cadre de notre compétence, soit du cadre de notre congruence.

Nous nous trompons, nous faisons des erreurs. C'est un fait. Nous faisons sûrement du mieux que nous pouvons, mais nous sommes amenés à agir hors du cadre de notre zone de contrôle, et à faire des choses incertaines, ou à prendre des décisions rapidement sur la base d'éléments insuffisants, ou hors de notre cadre de référence.

C'est notre quotidien. Il s'agit de ce que nous disons à notre voisin, il s'agit des décisions que nous essayons de prendre pour nos enfants, il s'agit des choses que nous produisons au travail, ...

Et effectivement, cela a des conséquences. En fait ces conséquences existent toujours, qu'elles soient le fruit d'une erreur, ou d'un choix judicieux. Mais louons la personne qui a choisi d'agir. Elle a pris un risque en agissant, et elle a essayé de répondre à ce qu'on lui demandait, ou a essayé d'agir au mieux de ce qu'elle était capable de faire.


Oui Mais


Certaines personnes ne supportent l'erreur des autres, et ont des niveaux d'exigence incroyables.
Perte de confiance, perte de poste, perte de carrière, mise au placard...

Tout cela existe bien entendu, et est très répandu dans nombre de sociétés.

A mon sens, c'est lié à des phénomènes culturels, d'intérêts personnels, et de communication.

La Culture d'entreprise


Dans une société, très hiérarchique, chacun doit rendre des comptes à son supérieur, et on se trouve souvent dans des postures de micro management. Il y a une "peur" d'annoncer de mauvaises nouvelles, et d'afficher la réalité. Il faut toujours être parfait et impeccable, pour plaire à son supérieur, et surtout ne pas avoir besoin de justifier, une erreur de jugement, d'appréciation. On est responsable de son périmètre, tout doit être sous contrôle.
Dans cette dynamique, l'erreur n'est pas tolérée, car elle ramène à la peur d'annoncer la mauvaise nouvelle, et de se faire juger sur l'erreur d'un autre.

Il est évident que dans ce genre de culture d'entreprise, la prise d'initiative est très limitée, tout doit être sous contrôle. Réussir à faire basculer cette culture demande à ce que le manager de l'entité, est un vrai leadership et une capacité à assumer ses décisions. Peut être que tout ne suit pas le "PLAN", mais les résultats peuvent être là malgré tout, et peut être que si une année est moins bonne, c'est qu'on a investi pour une année meilleure l'an suivant.

On en revient à essayer de discuter d'autonomie, de responsabilités délégués, de confiance, et de création d'une structure se basant sur un collectif qui s'aligne dans une même direction.


Les intérêts personnels


Ce topic est en partie lié au précédent. Dans une culture d'entreprise où on favorise la carrière personnelle, où on reçoit un variable lié à ses propres résultats, ... on aura des managers très individualistes qui prendront tout très personnellement, car cela va impacter leur résultat, et leur récompense.
Quand en fin d'année, j'ai l'espoir de recevoir 50k€ en variable, c'est une somme qui fait réfléchir, et sur laquelle la plupart des gens auront du mal à s'asseoir dessus au nom de l'intérêt commun.
Quand la prime est de l'ordre de quelques centaines d'euro, je suis plus à même à m'en désintéresser. Cela ne change pas grand chose à mon niveau de vie. 

On aura alors des discours, sur les impacts que l'erreur a sur la société, qui en fait, sont juste des masques autour de la crainte de ne pas toucher son variable, ou d'avoir des conséquences sur sa personne (carrière, ....).

Avant que le manager puisse devenir leader, et mettre en place une libération du collectif, pour plus de coopération, et de développement de son effectif, le manager doit devenir désintéressé de son intérêt personnel. 
Il ne s'agit pas de ne plus être impliqué dans la vie de sa structure, mais de changer son implication.
Il ne s'agit plus de rechercher son propre avancement, son propre développement, sa propre récompense extrinsèque, mais de s'accomplir dans un but collectif, où voir les autres grandir est une récompense du quotidien. 


Bienveillance envers soi même


Enfin un sujet important, et quelque soit la culture de l'erreur qui vous entoure, il y a un sujet autour du soi.
Il faut savoir s'accorder de la bienveillance (être bon envers soi même). Même si autour de vous, les gens ne le pensent pas, il faut s'accorder à soi son propre droit à l'erreur.
Autant la question peut sembler légitime autour de soi, dans son entreprise, est ce qu'on a vraiment le droit de se tromper, je ne suis pas payé pour me tromper... etcetc.
Autant en se concernant, dans sa propre bulle, dans son propre univers, il faut souffrir d'honnêteté.
En étant honnête avec moi même, je sais que la perfection n'existe pas (c'est peut être une croyance que certains auront du mal à imaginer). Il y a toujours un moment où j'apprends (de mes erreurs), et je suis amené à faire des erreurs pour toutes les raisons qu'on s'est dite auparavant.
Je le sais ... Je l'accepte ... je ne me sens pas coupable de m'être trompé. Je peux me sentir coupable, si je n'ai pas fait de mon mieux (paresse, manque de motivation, ...) et encore, c'est un sentiment que je préfère éloigner.

Si chacun s'accordait cette bienveillance, peut être que cela serait déjà un bon point de départ, pour accorder cette même bienveillance envers ceux qui nous entourent?


Pascal Ogil




lundi 12 octobre 2020

CNV et accord de tolteque

Je trouvais intéressant de créer des relations entre les accords de tolthèques et la CNV.

Dans le monde qui m'entoure, et l'agilité, les accords de tolthèques sont mentionnés de plus en plus souvent, et je vois les gens se poser la question de comment les mettre en oeuvre, et de discuter entre eux de la difficulté de les mettre en oeuvre.

Je vois la fierté des gens de les connaître, et en même temps, il y a comme un accord tacite de dire qu'il est très compliqué de les mettre en oeuvre. Peut être qu'il manque quelque chose, pour mieux comprendre en pratique ce que cela signifie au delà, de belles formules, sur lesquelles on est tous d'accord pour dire que cela serait bien.

Lors de mon initiation à la CNV, j'ai trouvé des parallèles très intéressants, et je trouve que de pratiquer la CNV permet de mettre en application ces différents accords, et de se sentir mieux dans sa vie.

J'écris cela, en espérant que cela donnera quelques pistes de réflexion, sur la mise en musique de ces accords.

Que votre parole soit impeccable

Finalement, ce premier accord semble assez évident, mais qui aujourd'hui sait réellement, parler de manière impeccable? Sans heurter la personne en face de nous, sans créer quelque chose en elle de négatif, sans exigence ni culpabilité.

Ce n'est réellement pas si simple. Malgré tout, la plupart des personnes  conviennent que cela reste l'élément le plus simple à mettre en oeuvre, car il est dans notre contrôle, et qu'il est dans le dialogue.

Effectivement, il est à notre main, car il s'agit de nous, de dire des choses. Mais il arrive souvent que nos paroles ont des impacts plus que de raison. 

Parfois nous sommes sous le coup d'une émotion, et nos paroles s'envolent, parfois la personne en face de nous, avec ces filtres, interprète les choses, enfin parfois nous sommes juste maladroits.

La CNV nous conduit avant tout à essayer de parler de nous. Déjà, si nous éliminons le jugement, le je pense de toi, tu devrais, ... C'est à dire parler de l'autre, nous retirons de notre discours, 90% de notre capacité à nuire à autrui, de manière intentionnelle ou non.

Il s'agit de sortir de jeux d'influence, qui ont pour vocation à prendre l'ascendant sur autrui. Car nous cherchons du réconfort, de la compassion, parce que la personne nous a mis en colère, on la fait culpabiliser, etcetc. Au quotidien, nous parlons en s'influençant, en essayant que l'autre réagisse d'une certaine manière pour avoir son attention, ou obtenir quelque chose.

La CNV nous explique, qu'il faut être honnête avec soi même, et parler de soi, de manière objective, afin de tendre vers de l'authenticité. La parole impeccable est là. Quand nous sommes authentiques.

Ce que nous disons de nous est vrai, sans intention. Une observation de ce qu'on ressent, dans certaines situations, et de ce qu'on aimerait pour soi, pour se sentir bien. Toujours en veillant à ne pas être dans l'exigence, et en ayant conscience qu'il peut y avoir plusieurs stratégies possibles à mettre en oeuvre, pour combler son besoin.


Quoiqu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle

Cet accord est souvent bien difficile à mettre en oeuvre. Comme dit précédemment, nous sommes au coeur de jeux permanents d'influence.

Quand quelqu'un nous fait une remarque, émet un jugement, une opinion, nous sommes habitués à les recevoir à 100% de manière très personnelle. Pourquoi il a dit ça, il m'en veut? J'ai fait quelque chose de mal? Que pense-t-il de moi? A qui en a-t-il parlé?

Nous sommes dans l'élaboration, et nous créons un cocon de "paranoia" comme si la personne en face de nous, avait une intention particulière de nous nuire. Il est entendu que cela existe. Malgré tout...

Le livre des accords le décrit assez bien, même si cela reste assez imagé. Chacun a sa sphère de vie, dans lequel il est protégé, où aucune blessure ne peut vous être infligée sans que vous ne le vouliez.

D'un point de vue CNV, on n'ignore pas non plus les stimuli externes, mais on essaye de savoir ce que cela provoque en nous et pourquoi. On peut ressentir de multiples choses, comme la tristesse, ou la colère qui sont l'émanation de besoins non assouvis. 

Du coup, plutôt que de ruminer sur la cause du propos de la personne, et se sentir "nul", "incompris", "désavoué", qui sont des jugements portés sur soi même, on prend le temps de ressentir son émotion, et d'explorer ce qui la provoque.

Je suis triste, car j'ai un besoin de reconnaissance, et au lieu qu'il soit comblé par des félicitations, j'ai reçu quelque chose d'inattendu. Que puis je faire, pour satisfaire ce besoin, et reprendre le contrôle de ma vie. Quelle stratégie je met en oeuvre, pour me reconnecter au présent, et me mettre en mouvement?

Finalement, ce que pense l'autre, n'a pas d'intérêt réel, dans le sens où il a juste éveillé en moi, un sentiment corrélé à un besoin à assouvir. Son intention, ou son comportement ne sont pas en jeu.


Ne faites pas de supposition

On est assez proche du deuxième accord. Le fait de le prendre personnellement est souvent lié au fait de faire des suppositions. On imagine que l'autre nous veut du mal, a une intention, cherche à nous manipuler, à exercer une influence sur nous.

Pire, on imagine qu'on est capable de connaître ses pensées, et de programmer ses intentions et ses actions.

Enfin, il y a une troisième supposition qui nous gèle, c'est qu'en pensant à la place de l'autre, nous nous sommes persuadés qu'il refusera, qu'il dira non, ou qu'il va mal le prendre, etcetc.

La CNV nous conduit de nouveau à nous centrer sur nous, et à chercher des réponses en nous, pas dans les autres. 

Nous ne savons pas ce que pense l'autre de toute façon, et nous ne pouvons pas prédire ses réactions (on peut juste essayer de l'imaginer, mais cela reste du temps perdu). Il s'agit d'une part de courage (d'assumer ses besoins) pour faire une demande, et d'autre part de congruence / d'authenticité (de s'écouter soi même, et être en accord avec soi même, et le montrer).

Qui sait ce qui va arriver?

Faites toujours de votre mieux

Celui là semble évident, mais je me rends compte qu'il n'est pas si facile de faire de son mieux. Lié à faire des hypothèses, nous passons du temps, à ne pas faire, ou à faire de manière tronquée, par peur de la réaction de l'autre, ou en imaginant ce qu'il va en penser.

Encore une fois, il s'agit de s'écouter, et de penser à ce qui est bon pour soi, au lieu d'imaginer ce qui serait bon pour autrui.

Prendre soin de soi d'abord. Quand on se sent bien dans sa peau, notre relation aux autres s'améliore également. 

C'est d'une grande difficulté. Faire les choses pour soi, car cela correspond à notre besoin, et à notre désir d'être heureux, et non pas faire les choses pour plaire ou complaire aux autres.

Du coup, c'est faire les choses du mieux qu'on peut, dans notre cadre personnel.

Soyez sceptique mais apprenez à écouter.

Ce 5e accord moins connu a été ajouté dans les années 2000.

Il faut apprendre à se méfier de ses propres comportements ou croyances qui filtrent la réalité. Ne prenez pas non plus tout pour argent content.

Tout cela reste dans un cadre où la bienveillance prévaut. Il faut apprendre à se connaître, et à décortiquer les émotions de surface, pour bien voir ce qui sommeille réellement en nous.

Parfois nous nous engageons dans la voie du jugement, car nous avons mal. Il faut se poser la question de pourquoi cela nous fait mal, et surtout de notre jugement sur autrui, qui est parfois hâtif, car facile. Au final, est ce vraiment son intention, qui suis je pour le savoir?

>Il faut également se mettre en résonance avec le monde qui nous entoure, et apprendre à délier ce qui est incohérent, de ce qui est cohérent. Il faut rester à l'écoute de soi même et des autres : l'empathie envers soi et les autres.

On se rend compte que parfois les gens font des choses pour de mauvaises raisons, car ils ne s'écoutent pas suffisamment.

Conclusion


J'aimerai ajouter un petit mot, car avec un peu de recul, cet article essaye de faire comprendre qu'il est important de se recentrer sur soi.

De se recentrer sur soi, mais pas de devenir égoïste, ou mal entendant.

Il s'agit de se donner plus d'écoute à soi même, plus d'empathie... tout en préservant l'écoute qu'on a des autres, et l'empathie qu'on peut leur donner.

Il faut essayer de sortir du jugement qu'on a de soi même, ou des autres, pour apporter plus de douceur, et d'acceptation.

Il est intéressant en tout cas, de voir, que différents courants poussent le "développement personnel" vers des directions communes : La bienveillance envers soi même, l'auto empathie, le fait d'apprendre que nous sommes seuls responsables de nos émotions et de notre vie.

C'est d'une terrible complexité, soyons clairs. C'est un chemin à emprunter, et chacun aura le sien. N'hésiter pas à vous faire aider.

Je suis également à votre disposition.


jeudi 17 septembre 2020

Ce que la CNV m'a appris

 La vie est faite de rencontre, et l'une de ses rencontres m'a apporté des rudiments autour de la CNV.

J'aimerai vous partager quelques éléments qui ont modifié ma vision du monde.


OSBD

Je me suis rendu compte que les personnes autour de moi, qui ont eu une "initiation" à la CNV, n'ont retenu que l'outil nommé OSBD.

O : Observation : je pars d'un fait, une observation dans mon environnement, et surtout dans mon présent.

S : Sentiment : Je regarde en moi, ce que cette observation provoque en moi en terme de sentiment (colère, tristesse, joie)

B : Besoin : je détermine à quel besoin, ce sentiment se réfère. Si je suis triste, c'est qu'un de mes besoins est impacté négativement. 

D : Demande : Je fais une demande auprès de mon entourage, afin de déclencher un mouvement afin de satisfaire le besoin, sur lequel j'ai un déficit.

Effectivement, cet outil permet de se centrer sur soi, et d'apprendre à effectuer des demandes pour satisfaire ses propres besoins, et donc se sentir mieux.

Mais il y a plusieurs dérives à cela, si on n'utilise l'outil, sans avoir été influencé par l'esprit de la CNV.

1/ On utilise cet outil comme d'une excuse pour faire des demandes, et s'offusquer de la réaction des autres, en se protégeant sous le sceau, oui mais j'ai fait une demande CNV, je ne comprends pas pourquoi il réagit comme cela.

2/ On confond demande et exigence, et on se retrouve dans une posture égoiste sous couvert encore une fois de la CNV.

Demande et exigence

La différence entre une demande et une exigence, c'est que lorsque vous faites une demande, vous pouvez imaginer que la personne en face de vous, peut vous dire non, et c'est tout à fait entendable.

ex :  

A : J'ai vu une affiche dans le métro, je me sens excité, car j'aimerai voir ce film. Je ressens un besoin de partage, et de détente. J'aimerai aller au cinéma ce soir avec toi. 

B: Non, je suis fatigué, j'aimerai me coucher tôt ce soir.

Là où ne s'arrête pas la CNV, c'est que ce n'est pas juste un manière d'exprimer à l'autre des demandes.

Il s'agit aussi de comprendre que ce qui est valable pour soi, est valable pour autrui également. Il est également dans une dynamique, de sentiment qui le relie à ses besoins, et qu'il a aussi besoin de nourrir ses propres besoins.

Il y a donc une notion d'acceptation d'autrui qui est très importante.

Acceptation

Le travail de la CNV commence par un travail interne assez profond.

Il s'agit d'apprendre à s'écouter, à écouter ce qu'on ressent, et en fait à prendre le temps de s'écouter.

Et de se poser la question, qu'est ce qui fait que je ressens cela? Mais pas dans le sens externe de la chose. Il ne s'agit pas d'énumérer les stimuli, mais plutôt de comprendre quels sont les besoins en soi qui sont nourris, ou au contraire qui sont frustrés, car en disette.

Quand on me refuse une invitation à dîner, qui est un stimulus, je peux me sentir triste pour différentes raisons, et donc différent besoin qui demandaient à être nourris:

  • besoin de connexion (passer du temps avec autrui)
  • besoin de considération (que quelqu'un prenne du temps pour moi)
  • besoin d'amusement (j'avais envie de passer du bon temps avec toi ou autrui, peu importe)
  • besoin de partage (c'était l'occasion pour moi de te partager des nouvelles sur ma carrière, ma famille, ...)
Ce n'est donc pas son refus qui est à mettre en cause. Il s'agit de voir quel besoin en moi est "frustré", et de déterminer par quel moyen différent je pourrai l'alimenter. Si j'avais un besoin de partage, finalement, je peux l'appeler, cela sera moins "fun" mais peu importe. Si c'est un besoin de considération, alors je vois avec lui quel jour pourrait lui convenir. Si c'est un besoin d'amusement, je peux choisir de sortir seul dans un bar, et prendre du bon temps au hasard d'une rencontre.

Ce qui est important à comprendre, c'est que ce n'est pas la faute d'autrui si on se sent mal. Ce n'est qu'un stimuli, si je carricature. La personne en face, a complètement le droit d'être indisponible, et a ses propres besoins à nourrir, et son propre contexte.
Elle ne cherche pas à nous nuire sciemment. 

Il y a donc un enjeu, d'acceptation, acceptation de soi, et de ses propres besoins, et acceptation d'autrui, et du fait qu'il a son propre contexte, que nous ne devons pas forcément comprendre.
 

Jeux de pouvoir & colère

Il est intéressant de comprendre, que par cela, on va essayer de quitter les jeux de pouvoir/domination, pour aller vers plus d'authenticité.

Du fait, qu'on a compris, qu'on est responsable avant tout de soi même, et que c'est dans soi qu'il faut puiser les ressources nous permettant d'être heureux, on va pouvoir quitter les jeux de domination, pour aller vers plus d'authenticité.

Les jeux de pouvoir sont des systèmes qui permettent de prendre l'ascendant sur quelqu'un à son détriment, et souvent c'est une relation perdante perdante. Mais  c'est aussi le moyen le plus courant de trouver de la satisfaction, et de penser répondre à ses besoins.

Déclencher de la culpabilité chez autrui, par exemple, pour le "forcer" à agir dans son sens est très courant. Plutôt que d'être dans la compréhension, et l'empathie, on va chercher à faire plier l'autre par différents jeux, pour satisfaire son propre égo.

Au travers de la CNV, nous connaissons nos besoins profonds, et nous savons qu'il existe différentes manières de les nourrir, et quand bien même, si ce n'est pas possible dans l'instant, il est plus important de ne pas créer de "violence" avec autrui, plutôt que de satisfaire de manière égoiste son besoin.

Nous essayons autant que possible d'aller vers l'authenticité, en exprimant ce que nous pouvons ressentir, mais ces sentiments nous appartiennent, il n'y a pas lieu de culpabiliser quelqu'un ou quelque chose pour cela. C'est une forme d'honnêteté émotionnelle. Et en être responsable, ne pas remettre dans les mains d'autrui la responsabilité de son propre état.

La colère fait partie à mon sens des jeux également. Il est plus facile de reprocher quelque chose à autrui, il est plus facile de lui nuire par une forme de violence, que de regarder en nous, ce qui se passe, et comprendre quelle frustration se joue en nous, et se manifeste par de la colère.

La colère est le signe que nous passons beaucoup de temps dans notre tête à juger, à faire des hypothèses sur les intentions de l'autre, à établir qui mérite d'être puni, à refaire le monde en pensant à ce qui aurait du être fait ou non. C'est le signe qu'on perd contact avec nous mêmes.

La colère ne devrait jamais être dirigé vers autrui, mais doit être une énergie qu'il faut canaliser, pour travailler pour soi. Elle a une force motrice énorme... Utilisons là pour mener des actions qui vont nous faire du bien. Par contre utiliser contre autrui, c'est une dépense d'énergie énorme, qui nous épuise, et qui ne mène à rien de positif. Il n'y a même pas réellement de soulagement.


Conclusion

Je pense qu'il est clair, qu'on est très loin d'un simple outil de communication. C'est une démarche personnelle très profonde, et avant d'avoir le coeur d'une girafe, le coyote va venir régulièrement parler à notre place.

En tous les cas, en terme de développement personnel, j'encourage les gens à s'intéresser à la CNV. Elle permet d'apprendre beaucoup sur soi, sur ses mécanismes, sur la manière d'interagir avec autrui, et de la difficulté d'être authentique.

Je vous encourage également, à cotoyer des personnes aguéris, pour vous aider à bien comprendre cette philosophie, et ne pas rester uniquement dans le processus ou l'outil, mais d'aller vers le vivant, ... car il s'agit bien d'apprendre à mieux vivre avec soi même, et avec autrui.


dimanche 13 septembre 2020

Ce que m'apporte l'eneagramme

Suite à une rencontre, j'ai découvert le mot Ennéagramme.

Il s'agit d'une méthode de développement personnel selon wikipédia :D
C'est quelque chose qui reste très en marge et qui malgré son âge, a une reconnaissance limitée.
Je ne maîtrise pas suffisamment pour en voir les limites, et critiquer raisonnablement le sujet.

En quelques mots, l'enneagramme propose une catégorisation des comportements, et des compulsions des gens en 9 catégories.
Chaque "type" est un "stéréotype" comme on peut le trouver dans d'autres outils de profils.
Mais celui ci a cela d'intéressant, qu'il se base avant tout sur nos "défauts", nos compulsions, nos méthodes de défense.
On reconnaît son profil en y voyant nos propres compulsions, défauts, y apparaître.

Bien entendu, plus que ces 9 types, on y retrouve des sous types, et encore plus à l'intérieur des niveaux de maturité.
Cela donne une très grande richesse de déclinaison et peut être aussi une forme d'obscurantisme parfois, qui peut paraître tendre à l'astrologie.

Malgré tout, au delà de la surface, ma propre étude de ce système m'apporte beaucoup, et entre dans ma panoplie de travail, pour mieux comprendre le monde qui m'entoure, les gens qui m'entourent. Cela reste très intéressant, et riche d'enseignements. Je ne serai pas dogmatique, et n'en ferai pas ma profession.

Deux choses m'ont beaucoup intéressé dans cette étude de l'Ennéagramme : 

  • La découverte de profil, et l'acceptation de la différence d'autrui
  • La découverte que chacun peut avancer, et se développer

Acceptation de la différence d'autrui

Certains pourraient me considérer comme niais, et c'est peut être vrai, et chacun apprend à certaines périodes de sa vie.
Ce qui m'a tout particulièrement frappé dans cette étude de l'Ennéagramme, est de voir qu'on pouvait catégoriser des profils de personne sous 9 types macro. 
Au final, nous sommes tous composés de ces 9 types, chacun de nous est de temps en temps, perfectionniste, ou altruiste, ou rêveur, ou leader, ... Plus ou moins, et temporellement plus ou moins souvent. Mais le plus souvent, nous avons développé des mécanismes de défense dans notre enfance, pour nous protéger, et nous créer un environnement "sûr". Fort de l'expérience de ces mécanismes qui nous ont apporté une sécurité, à chaque fois que nous les avons déclenché, et parfois avec des effets secondaires mal maîtrisées, nous les déclenchons en automatisme toute notre vie, plus ou moins fortement.
Ces peurs nous font entrer dans un profil ou dans un autre. Et nous avons en nous, une peur dominante (peur du rejet de l'autre, peur d'être dominé, peur de ne pas bien faire, peur d'être comme les autres, ...).
Ce qui nous raccroche à un type Ennéagramme.
Et quand je lis, ces profils, on voit des mécanismes comportementales qui sont décrits, et qui sont plutôt intéressants, et que j'ai pu observer (chez moi même, ou chez d'autres), donc qui ne sont pas déconnants.
En tous les cas, il est intéressant est de voir, que chacun va trouver une réponse adéquate à son environnement, car il a en lui, des mécanismes de protection naturelle. Et j'ai observé des récurrences de ces comportements chez des personnes autour de moi, comme si elles étaient dans une sorte de boucle coutumière. Et elles font majoritairement les actions décrites de leur type, de manière très cohérentes.

Et Donc ?

J'avais une certaine croyance à une époque de ma vie, qui était que tout le monde était fait du même bois, et que les travers de chacun pouvait être corrigé vers un tronc commun plus "normal", et "bien".
C'était je vous l'accord quelque chose d'assez intolérant.
Et même si avec l'âge, je devins plus tolérant, vis à vis des comportements propres à chacun, et respectueux de l'identité de chacun, j'avais l'espoir de pouvoir amener certains vers ma propre vision de comportement, pour les rendre meilleurs, ou à l'image d'une vision que j'avais.
Et je pense que beaucoup de personnes pensent de même, notamment quand je vois la plupart des managers espérer que leur collaborateur embrasse le moule pensé pour eux. 
Peu importe, je me rends compte que ce mode de pensée est une gageure.

En étudiant l'Enneagramme, j'ai acquis beaucoup plus d'acceptation envers les comportements des gens. Je suis passé dans une étape où je me suis dit, effectivement, il est 6, je sais qu'il est inquiet par nature, c'est relié à son type. Qui est une forme d'excuse, pas réellement une acceptation, mais plus de la compréhension. D'autant que, qui suis je pour dire qu'il est 6.

Aujourd'hui, je me sens beaucoup plus dans l'acceptation de la différence, et la mienne par la même occasion. Chaque être a créé son propre moule unique, fait de vie passée, de vie à venir, de peur, de joie, d'envie... En tous les cas, accepter que l'autre est différent, et qu'il n'y a pas de normalité, et encore mois de normalité vers laquelle ramener l'autre, sont des pensées importantes qu'il faut cultiver.

Du coup, il devient amusant d'observer les gens tels qu'ils sont, et de voir une certaine prédictibilité dans leur comportement, et de le voir comme un tout. C'est vraiment cela qui est important, il ne faut pas voir le comportement des autres comme des défauts, ou des "ça laisse à désirer", ou "pourquoi il fait cela", pensé de manière péjorative.
Chacun a sa manière d'agir, qui correspond à des mécanismes créés pour se protéger, se défendre, se sentir bien. Des mécanismes éprouvés longuement dans leur passé, et qui donne majoritairement un résultat aidant. Peut être pas toujours le plus approprié, mais il est connu, maîtrisé, et est rassurant.
Ce ne sont pas des actes contre les autres, ce sont des actes pour soi, dirigé vers son bien être, et sa propre construction.

Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas en sortir, ou évoluer... d'où le développement personnel.


Le développement personnel


Cette partie est encore un peu floue pour moi.
Néanmoins, il est intéressant de travailler sur cet observateur intérieur, un peu dans l'ordre de l'attitude "Mentat", pour la prise de recul, et s'auto observer sous l'angle de l'analyse.

Un petit jeu consiste à reprendre les 15 dernières minutes écoulées, et d'essayer de voir ce que nous avons fait ou dit, et surtout d'en voir les motivations qui nous ont poussées à faire ceci de cette manière.

C'est en comprenant ses mécanismes intérieurs, ses réactions automatiques, qu'on peut essayer de les modifier. il est difficile de combattre une vie entière d'auto protection grâce à ses automatismes.
Mais parfois on se rend compte que ces automatismes nous ont nui plus qu'ils nous ont servi.
Se débarrasser d'un problème plutôt que de le résoudre, refuser une main tendue, plutôt que d'admettre sa "faiblesse" ou son besoin.

De mon point de vue, il est question d'utiliser cette énergie, d'une autre manière. Plutôt que de se défendre, et de se protéger sans cesse, il est possible d'utiliser cette énergie pour s'ouvrir et avoir des comportements plus constructifs, qui nous aident à aller de l'avant.

En cela, l'observation est importante, pour détecter, quand on s'est fermé (dans une forme d'auto protection, ou de non prise de risque), plutôt que de s'ouvrir?

Chaque type a ses mécanismes de défense, mais aussi des routes d'ouverture. L'eneagramme apporte des pistes de lecture, sur ce à quoi ressemble quelqu'un qui s'"éveille", et qui selon le vocabulaire, laisse de côté son "ego" pour écouter son "essence". Cela reste des propositions, des pistes, et non une "bible" qu'il faut suivre à la lettre. Chaque individu est différent, même si on retrouve des trames communes dans certains comportements. Comme tout modèle sur le comportement, ou les personnalités, il doit rester un outil, ouvrant les portes de la compréhension, sans en être la compréhension elle même.

Je pense qu'il y a là, quelques risques de détournement. Certains pourraient se prendre pour des gourous, en utilisant l'Eneagramme comme une source de vérité, dispensé à des disciples, avec une quête de soi, et surtout ensuite une épuration de l'âme.

Les personnes avec qui je discute de ce sujet, restent très prudentes quant à l'utilisation en terme de développement personnel. Cela reste avant tout un chemin personnel, qui peut aider à mieux se comprendre, et à tirer parti de cette compréhension pour avancer, et "être meilleur", mais "être meilleur" pour soi même.












mardi 1 septembre 2020

Taromancie et coaching

J'avais envie de vous parler aujourd'hui, d'une remarque que je me faisais, sur la similitude de la taromancie et le coaching.
Je sais que certains vont se moquer, en se disant que le coaching a bien quelque chose de divinatoire, voire du charlatanisme... 

Je me rappelais mes jeunes années, et la rencontre avec un ami à la fac, qui me présentait la taromancie, l'art de tirer les cartes. Il me présentait le cérémoniel qu'il utilisait, pour créer une forme d'effet d'entrée en matière pour la personne consultante.
Le tarot ne devait être touché que par lui, il était enveloppé d'un mouchoir de soie rouge.
Il créait souvent une atmosphère propice, avec des bougies. 
Lui même avait un certain charisme, les cheveux longs et bouclés, des yeux perçants, un chaîne au cou avec un signe kabbalistique.

Il y a bien des manières de tirer les cartes, et des les interpréter. Je n'entrerai pas dans le débat, des croyances autour du tirage, et des énergies permettant de révéler un avenir ou non. Je respecte les croyances de chacun, et ses compétences.

En tous les cas, d'après mes propres recherches, on peut utiliser une forme de tirage, souvent en croix, qui parle du passé, du présent, du futur, et d'éléments d'influence directs.
Chaque carte apporte une certaine signification et va permettre de mettre sur chaque élément du tirage, des éléments factuels du client en face, et de construire son histoire, ses influences, pour aller vers la case avenir.

Démarche du client


Le client vient le plus souvent avec une question sur son avenir, car il a une incapacité à avancer, à se mettre en mouvement, et a peur des conséquences possibles.
A une certaine époque, la divination même si conspuer par l'église, restait une voie rassurante pour les populations.

On se retrouve dans un contexte de coaching classique. Aujourd'hui, dans nos contextes, le client ne veut pas une prédiction sur l'avenir, mais quelque part il se pose des questions sur son avenir, et sur la manière d'avancer concrètement. Est ce réellement différent?

Vient alors le tirage des cartes. C'est assez amusant d'observer ce qui se passe lors de ce genre de séance.
Encore plus, quand le tireur n'utilise que les atouts:


Les atouts portent un nom souvent plein de symbolique : La mort, la tour, la fortune, la lune, le bateleur...
Quand le tireur montre la carte, et la positionne sur la table sur une des locations (passé, présent, ...), le client a souvent très vite une réaction. Le tireur peut choisir le silence, arme absolue. Le client aura surement sa propre interprétation de la carte, et surtout il va amener des éléments de sa propre histoire.
Sinon, le tireur apportera une interprétation classique, et le client va, de manière guidée, se projeter sur sa propre histoire (quelqu'un qui me veut des ennuis, ha oui je vois bien qui cela pourrait être,... ou... un revirement de situation, ha cela veut dire que ce que j'attendais va arriver, il se trouve que...).

Et le coaching...

Je trouverai cela maladroit de dire que la taromancie est une forme de coaching. Néanmoins, on trouve des similitudes dans la manière d'approcher, et de faire parler le client, et lui donner de l'espace dans son expression.

Lors d'un coaching, la manière de faire est bien de conduire le client vers ses évidences. Des choses qu'il a en lui, mais qu'il se cache, ou qu'il n'ose pas faire.
En lui donnant confiance en lui, en mettant la petite impulsion qui va bien, le client va se mettre en mouvement, et va s'autoriser à entreprendre ce qu'il souhaitait au final.
Il a besoin de voir des signes, qui l'encourage, de se sentir en confiance, et de voir qu'il y a un espoir.
A partir de ce moment là, il va trouver les pistes, les petits pas qui vont l'emmener sur le chemin de sa réussite. Et même s'il n'atteint pas le but qu'il s'était fixé initialement, car parfois, le contexte n'est pas favorable, il aura avancé, appris sur lui et ses capacités.

On va retrouver des convergences. Sauf que le taromancien n'a pas à coeur la réussite de son client dans son entreprise.
Mais il a besoin, que son client se dévoile, parle de lui, de ses espoirs, de ses craintes, du "système" qui l'entoure. Il utilisera tout cela, pour créer un décor, dans lequel son client sera son acteur principal. Il va créer un drame sur cette base, qui semble suffisant crédible, pour laisser à son client, la conviction qu'il a bien fait de venir. Et plus tard, il se dira, ce qu'il m'a dit était vrai.

La différence de but est bien claire. Ce que je voulais mettre en lumière, est cette ingéniosité dans sa capacité en une entrevue, de pouvoir obtenir le "système" dans lequel évolue le client, par le biais d'images, de cadre de référence, d'aspect général, de création d'un lien avec le client, de l'utilisation de silence...

Il me semble, que dans certaines situations, cela peut être une source d'inspiration pour explorer le paysage, et voir les influenceurs du système, et leur poids/place. 

Quelques mots de fin


On est loin de principes de divination. De nouveau, je ne remet pas en cause les croyances de chacun. J'apporte juste des commentaires sur certaines expériences, et certaines catégories de personnes qui exercent à leur manière.

Et le coaching n'est pas affaire de divination non plus, soyons clairs.
C'est un travail humain important, qui au travers d'une relation de confiance, permet de trouver ce qui est en chacun de nous, sans pousser vers un choix, ou tenter de changer les personnes.
Chaque personne vit dans ses croyances, ses comportements, il s'agit plus de s'appuyer sur ce qu'est la personne, en la faisant croire en ses forces, et ses potentialités, et en faisant émerger ce dont elle a envie, et comment elle a envie de vivre sa prochaine expérience.


















Ecoute et manque d'écoute

J'ai remarqué qu'il y a beaucoup d'articles sur l'écoute, l'importance de celle ci, et l'émergence de tous ces métiers qui se basent sur cette compétence.

On sent une réelle importance autour de cette capacité, et une forme de nécessité d'avoir des gens qui revêtent l'habit de l'écoutant.

Est ce que c'est quelque chose de nouveau? A-t-on plus besoin d'écoute aujourd'hui que hier?


Hier et Aujourd'hui

En prenant un peu de recul, et en regardant notre histoire, j'ai l'impression que l'écoute a toujours été un besoin présent.
On retrouve ce rôle d'écoutant dans différents métiers, mais aussi au travers de certains collectifs :
  • La confidente : femme de chambre, demoiselle de compagnie, parfois la prostituée dans une maison close
  • Le prêtre : la personne instruite du village, qui était en posture d'écoute et de conseils, ou parfois simplement par le truchement de la confession
  • Les clubs : l'appartenance à un groupe permet d'avoir des pairs pour écouter
  • Les travaux en commun : boulot saisonnier, aller laver son linge au lavoir... occasion d'être dans un collectif de personne similaire dans une même "souffrance". Position de compréhension, de sympathie, de solidarité
  • La religion : la prière peut être aussi un moyen de s'écouter soi même, et d'être en réflexion personnelle.
Cette liste n'est pas exhaustive, mais vise à montrer qu'il y a de tout temps eu de moyens d'écoute en oeuvre, et que c'est un besoin

Une compétence?


L'écoute est aujourd'hui perçue comme une capacité, quelque chose un peu hors du commun. C'est intéressant. Et cela mérite de s'y attarder.

L'écoute nécessite une forme d'engagement, un intérêt qu'on porte à l'autre. Finalement, cela nécessite un effort, de dépenser une énergie interne au profit de l'autre. Et la plupart du temps, c'est quelque chose qui est fait naturellement, qui ne demande pas de se poser la question.
Il se trouve qu'aujourd'hui, et c'est mon opinion, on cultive une forme d'avarice à dépenser son énergie pour les autres, sans en retirer une forme de plaisir.
Nous sommes dans une société très orienté sur le plaisir, le culte de sa propre personne. Et on recherche un plaisir immédiat à moindre coût, qui demande un effort très réduit. On nous rabâche que la vie est dure et qu'il faut en profiter, donc chacun conserve son énergie pour la dépenser vers ce qu'il va lui procurer du plaisir.
Dans ce cadre, écouter quelqu'un, hors des profils naturellement empathique, qui sont naturellement dans la recherche de l'aide à son prochain, et qui y trouvent un plaisir certains, écouter quelqu'un est une perte de temps personnel. Cette parole est d'un froid absolu, mais il permet de se confronter à une forme de réalité.

On a ce premier constat, où finalement, nous sommes devenus avare de notre énergie, et surtout à la dépenser pour autrui, mais je pense qu'il y a un deuxième phénomène.

S'écouter Soi


J'ai l'intuition qu'on a perdu la faculté de parler des choses. Et plus profondément aussi, qu'on a oublié d'être en écoute de soi même. Et de fait, la non faculté de parler des choses viendrait aussi du fait qu'on ne sait pas qu'on a besoin de parler.

La société privilégie le sentiment superficiel (ex réseaux sociaux) sur les apparences, et la surenchère de qui est le mieux, qui est le plus heureux, ... Du coup, on va gommer (vive les filtres) toute trace de non normalité, de non heureux, ... et on va plutôt montrer que tout va bien, et être dans la course de moi, j'ai la meilleure vie.

On le voit notamment par le biais de nombreux influenceurs qui ne brillent pas forcément par la profondeur de leur esprit, mais par leur capacité à rendre brillant tout ce qu'ils font. Vendeur de Pacotille.
On va montrer la consommation, montrer qu'on peut montrer aux autres combien on est normal, et heureux à faible effort.

Culpabilisation


Le sujet réseau social est intéressant. J'ai l'impression que les réseaux sociaux ont une capacité à la culpabilisation très importante. Les personnes peuvent juger votre vie en toute impunité, sans connaître la profondeur de ce qui se passe réellement. On se retrouve dans un cercle où on sent que ma vie n'est pas assez bien, et où se met à envier la vie des autres.
Ce qui nous pousse à mettre des filtres sur notre communication, et à prendre l'habitude de ne parler que ce qui est affichable pour montrer la beauté de sa vie.

Désintérêt


La deuxième chose que provoque le réseau social est le désengagement. On se satisfait de ce qui est montré par chacun, sans essayer de creuser les choses, en commentant avec quelques onomatopées, ou smileys. 
Voir de temps en temps une photo près d'un lac, ou avec un de ses enfants, nous suffit pour voir que l'autre va bien. Mais qu'en est il réellement? Qui pose la question de comment vas tu au quotidien?

On se suffit de cette apparence superficielle, c'est plus facile, cela demande moins d'effort. Et en terme d'énergie interne, c'est économique, on a une vue superficielle de la vie de l'autre, cela peut suffire à la plupart.

Dépenser son énergie pour autrui


Il y a vraiment un sujet autour de l'effort, de l'énergie qu'on y consacre.
Tout le monde veut avoir un corps de rêve, mais ne souhaite pas y consacrer plus que 2h par semaine, et pas plus de 3 mois d'affilées.
Peu de personne, sont capables de se dire je prends un chemin où je me donne un but de transformation, de changement, et ce chemin va me demander une réelle implication, et ce pour les 3 années à venir.  Cela semble harassant et contre intuitif par rapport à ce que nous propose la société actuellement. Consommation rapide, plaisir immédiat, énergie consacrée 0.

Conclusion


Alors oui, le métier d'écoutant resurgit pour pleins de raison:
  • On a perdu l'habitude d'avoir des gens proches qui s'investissent dans la relation
  • On a perdu l'habitude de parler des choses difficiles, de peur d'être jugé.
  • On a perdu l'habitude d'avoir des gens qui ne vous jugent pas
  • On a perdu l'habitude d'avoir quelqu'un qui vous écoute sincèrement
  • On a perdu l'habitude de donner sans chercher à recevoir
  • On a perdu l'habitude de ne pas être dans une relation gagnante
Finalement, quand on voit ce que cela coûte en terme d'énergie de s'investir dans une écoute, une présence à l'autre, est ce que le salaire d'un écoutant (coach, thérapeute, ...) n'est pas justifié? N'est ce pas un travail difficile?

A votre bon coeur, Messieurs/Dames,

:D
















lundi 6 juillet 2020

Croire prendre soin de l'autre et faire une demande

J'ai voulu écrire un article pour apprendre à différencier "croire prendre soin de l'autre", et "être à l'écoute de l'autre", et prendre soin des besoins de l'autre.

Souvent, on fait attention à l'autre en pensant à sa place, ce qui serait le mieux pour l'autre.
Finalement, c'est un jeu de pouvoir / domination, basé sur le mental.
On lui impose un choix qui n'est pas le sien, sous prétexte de c'est pour ton bien.

Un exemple

Voici un exemple fictif d'une discussion de deux amoureux.

Discussion par téléphone jusque minuit.
Anna est fatiguée, mais n'ose pas le dire, de peur de décevoir Pierre.
Anna sait que Pierre est lui même fatigué car dans le fil de sa discussion il a pu lui dire.
Anna dit donc : "Allez Pierre, va dormir, tu es fatigué, et demain tu dois te lever".
Anna pense je prends soin de Pierre, et je le "libère" de son obligation de continuer à veiller pour me parler, et je le materne en lui montrant que cela serait mieux pour lui qu'il se couche pour se reposer.

La réaction de Pierre la prend à contre-pied. Il a le sentiment d'être poussé hors de ce moment agréable, qu'il apprécie tant. Une fin de non recevoir auquel il ne s'attends pas. Il est triste par cette "rupture".
Il a également un sentiment de colère, car il se sent quelque peu materné, et il ne souhaite pas considérer sa partenaire comme une mère, et il n'a pas besoin qu'on lui dise à quelle heure il doit se coucher pour être en forme... et quand bien même, s'il est fatigué c'est son choix personnel. Il est assez grand et adulte pour savoir s'il a envie ou non.

Emettre une demande

Une bonne démarche pourrait être plutôt de parler de soi, et de ses propres besoins, et/ou de ses émotions.
Réimaginons le dialogue vers quelque chose de plus positif.
Anna est fatiguée. Anna dit à Pierre : "Je me sens fatigué, c'est ok si on termine notre discussion, j'aimerai aller dormir".
Pierre pourra dire alors : "Tu es fatiguée? Oui bien sûr, je comprends, prends soin de toi, et va dormir. Je vais faire de même de toute façon, ou je vais prendre encore un peu de temps pour lire avant d'aller dormir.".
ou bien Pierre pourra dire : "Tu es fatiguée? je comprends. Mais j'aimerai te dire quelque chose avant de te quitter. Est ce que tu serais d'accord pour me donner encore 15 min de ton temps?".

Il est important de se rappeler la différence entre demande et exigence. Quand vous faites une demande, vous êtes prêts à entendre un refus de la part de l'autre, ou une négociation.

Dans ce cas, Anna demande pour aller dormir et clore la discussion. Pierre peut accepter, ou comme dans le deuxième cas négocier encore un peu de temps à discuter. Dans ce même cas, Pierre fait lui même une demande car il a un besoin de connexion, ou de partage. De la même manière, il doit être prêt à envisager que Anna refuse, car elle est trop fatiguée.

En tous les cas, les deux protagonistes ont cessé de faire des hypothèses l'un envers l'autre (confère 3e accord de tolthèque également), et se sont recentrés sur leur besoin propre.
Cela amène une meilleure compréhension de ce que l'autre veut, de la clarté dans la relation, et surtout pas de sentiment négatif (culpabilité, colère, tristesse).
Chacun a fait du mieux qu'il a pu, sans jouer contre l'autre.



mercredi 13 mai 2020

Amour et agilité


Aimer son métier et son prochain
L'humain et le manifeste agile


Il y a beaucoup d'effet et de buts différents dans la mise en oeuvre d'une approche agile auprès de nos équipes.

Ce que j'ai remarqué est que l'un des effets le plus visible concerne le bien être des gens avec qui vous travaillez.

C'est pour cela que j'aimerai parler d'un acte d'Amour quand vous venez encadrer une équipe dans sa mise en oeuvre d'une transformation vers plus d'agilité.

Le Manifeste agile, ainsi que l'apparition du "Modern Agile" sont pour moi des déclarations très orientées vers le bon sens, vers l'humain et l'amour de son prochain.

Pour citer les éléments qui me poussent à travailler autour de l'humain :

  • Individus et interactions : On va effectivement privilégier les relations humaines et les personnes
  • Collaboration : Faire travailler honnêtement les gens ensembles, dans un but commun, avec un sens d'équipe
  • Les utilisateurs et les développeurs doivent travailler ensemble : stopper les silos, les passe plats, et renforcer la collaboration, le travail ensemble
  • [...]Personnes motivées,  [...] faites leur confiance  : Apporter du bien être dans l'équipe
  • Transmission de l'information en face à face : réapporter du liant, entre les personnes
  • Rythme de développement soutenable : Respect des personnes, veiller à leur bien être, faire confiance
  • l'équipe réfléchit aux moyens de devenir plus efficace : Respect des personnes, faire confiance, autonomisation
  • [Modern Agile] : Make People Awesome : Croire aux gens, dans l'équipe, mais aussi nos "clients", nos partenaires...
  • [Modern Agile] : Make Safety a Prerequisite : Respect des personnes, créer un environnement bienveillant, sûr. 
Je pense que lorsqu'on comprend qu'il faut avant tout se concentrer sur l'humain, les choses deviennent plus aisées, en tous les cas plus claires.

J'ai en tête l'apaisement des relations entre les équipes que nous essayons d'accompagner et le système qui l'entoure, qui ne perçoit pas toujours cette transformation, et qui continuer à vouloir imposer son mode de fonctionnement.

Les injonctions et les équipes


Les équipes que je rencontre sont souvent dans une forme de "souffrance". Des injonctions venant de différents niveaux, les conduisent à se mettre dans des positions d'inconforts importants. Il faut traiter ce qui est indiqué comme urgent par les différentes autorités, en ne traitant pas toujours l'important. En outre, ces différentes injonctions peuvent générer une surcharge et de quantité de travail, et parfois de posture

Le cadre porté par l'agile doit permettre de soulager les équipes. Je viens avec une envie d'apporter mon amour à ces personnes, pour qu'elles aillent mieux. Leur redonner confiance en elle même, leur redonner une forme de contrôle dans leur vie professionnelle.
L'autonomisation, l'auto organisation sont des leviers puissants dans cette reprise de confiance, et dans la reprise du contrôle.
Il s'agit alors de construire une compréhension de ce que doit être la confiance, la sécurité psychologique, la bienveillance...

Le système


Ce qui entoure les équipes sont souvent des forces contraignantes, qui demandent aux équipes un certain nombre de livrables, de respect de jalon, de respect de forme, de reporting, de soumission à une organisation, de contrôle explicite et implicite.

Il est important d'accompagner ce qui entoure les équipes dans un changement de comportement également.
On ne peut pas demander à des équipes de devenir "meilleure", autonome, dans un esprit collectif, ... et qu'à chaque fois qu'ils font un pas dans cette voie se prennent en effet boomerang, des règles, des injonctions, des égos.

Il est important de notifier au monde extérieur le travail en cours, sur ces changements de comportement par l'équipe, et lui (monde extérieur) montrer que sa manière de faire ou de demander n'est pas approprié avec les nouvelles manières de faire.
Il est important que les gens qui entourent les équipes comprennent en quoi les anciennes habitudes ne sont plus appropriées, et comment les changer pour les adapter.

C'est un sujet qui concerne le respect des personnes, et la bienveillance envers elles.
Il ne s'agit pas d'être dans une confrontation, mais apprendre à s'écouter, et parfois à s'écouter soi même. Quels sont mes besoins, qu'est ce qui est réellement important au delà de ce qui paraît important?
Le fait de partager ses besoins, ses préoccupations, ses enjeux permet de créer quelque chose dans les relations de plus sain, d'apaisé.

Ce n'est pas si compliqué ou si dur. Je remarque que bien souvent, les personnes ont surtout besoin d'être écoutées, comprises, de recevoir des marques d'affection.
Une fois qu'elle voit qu'elles sont considérées, un certain nombre de choses se dénouent, et chacun accepte de se prêter à cette nouvelle humanité et de faire un pas vers l'autre.

Conclusion

Cet article a pour simple vocation de tracer une réflexion que je me faisais, et de faire un état des choses qui me paraissent importantes dans mon métier.

Il y a une certaine facilité à apporter de nouvelles pratiques, ou de nouvelles manières de voir les choses auprès d'un groupe restreint qui se sent exalté par cette nouveauté et ce désir de liberté...
Jusqu'à ce que le système revienne en effet boomerang (Loi de Conway)... et fasse exploser cette motivation, cette envie de changement, face à des murs paraissant inébranlables.

Pour autant, nous n'avons pas toujours la possibilité de changer l'ensemble du système, au vu de l'immensité de la montagne, et le peu d'équipement qui nous est donné pour démarrer l'escalade.

Malgré tout, il est possible par la compréhension des enjeux de chacun, mais aussi en remettant l'humain au centre, plutôt que le processus, de rétablir une forme de bien être dans les relations, et dans l'importance qu'on donne au système.

Je reste persuader qu'en faisant que les hommes et les femmes se sentent respectés, écoutés, et aimés, beaucoup de barrière tombent, et on est capable de franchir de nouvelles étapes dans un élan d'amour.
On oublie un peu l'importance du process, et on s'intéresse à ce qui apporte de la valeur pour chacun,  à sa place, à ses envies, à sa motivation, à son désir d'appartenir au groupe.

En donnant de l'amour, on reçoit cet amour : Etre aimé et aimer en retour.









jeudi 27 février 2020

Le manque de sens (humour)

Le sens de la vie, avec humour


Récemment, suite à un échange sur une iconographie sur le sens de la vie, j'ai eu la chance d'avoir un échange très intéressant sur le sujet : le sens de la vie.

J'ai pris le parti de défendre le point de vue que la vie n'avait pas de sens.
Que c'était juste une suite de choses qui se succédaient de manière temporelle, et non causale.
Le monde est chaotique, les choses qui t'entourent aussi. Il y a sûrement une capacité à s'en démêler un peu avec des efforts, en tentant une analyse de notre environnement, des gens que nous côtoyons, et en faisant profil bas, pour ne rien provoquer.

Malgré tout, des choses arrivent, que nous ne contrôlons pas, ne maîtrisons pas, et que nous ne pouvons pas prévoir.

Certains essayent de donner du sens à tout cela, peut être un aspect religieux, un aspect défaitiste, un aspect optimiste (pour mieux rebondir).
Je prends le parti dans cet article, qu'il n'y a pas de sens à chercher, et que même, chercher à y mettre du sens peut être un élément de perte de confiance en soi, car on se retrouve à chercher des causes extérieures, et en oublier sa propre puissance au détriment d'une forme de fatalité.

Mais sans sens, la vie n'est elle pas plus simple? A quoi bon, essayer de construire une vie sur le long terme, en espérant "réussir", à atteindre des buts. De toute manière, à un moment donné, quelque chose va déraper, et va saper tout le travail que tu as fait. Non par malveillance (pas de sens), mais parce que cela arrive.

C'est un moyen d'embrasser les vertus de l'agilité à 100%.
Plutôt que de se projeter dans un avenir incertain, qui ne sera absolument pas celui auquel tu aurais pensé.

A la place, il faut faire des itérations courtes, pour atteindre des paliers de plaisir régulièrement. Une fois chaque palier atteint, se remettre en question, et reprioriser ce qui est important pour soi en ce moment.

Tu construis ta vie (produit) à ta vraie mesure, à l'aune de ce qui se passe pour toi en ce moment, de tes convictions, de tes envies. Et non sur la base d'une projection que tu aurais faite il y a 10 ans, avec tes convictions d'antan et tes envies d'antan.
Ce que tu pensais avoir envie, est sûrement très différent de ce que tu aimes aujourd'hui, réellement.

De fait, ne pas prêter de sens à la vie, n'est pas un signe de défaitisme, ou de pessimisme, mais c'est plutôt une aspiration à croire que la vie est faite de petites choses qui viennent te perturber et te donner des nouvelles opportunités.

On se retrouve alors dans une forme d'insoumission, vis à vis des codes sociaux... Il n'y a pas de il faut, pour être heureux, avoir fait ceci ou cela dans ta vie, voire pire de ta vie.

Je conclus mon échange, par un "mais tu dois me croire fou", conclusion à laquelle on m'a répondu "peut il il y avoir de la folie dans un monde sans sens?", à laquelle je répondis, "la folie est un jugement donné par des gens sensés de toute façon".





lundi 10 février 2020

Avec cadre OU sans cadre

Avec cadre OU sans cadre


Votre agilité dans un grand verre avec ou sans framework? 


Qui est assez fou / sage pour se lancer dans une agilisation sans framework? Scrum, Kanban, SAFe, ... Des mots souvent employés à la place d'agile. Et pour cause, il n'y a pas toujours d'agile, alors que le framework est en place.

Le débat du framework est assez intéressant. Ce que je constate c'est qu'un framework, c'est quelque chose de tangible, d'accessible, de rassurant. On peut s'y référer, avoir des points de repères, du vocabulaire à partager, et aussi une forme de vérité sur laquelle s'appuyer -- d'aucuns l’appelleront la bible ou "the book".


Cadre et Agilité


Concernant les cadres, voici mes opinions, et mes observations. On trouve de plus en plus d'experts du cadre, avec des beaux certificats. Je ne mésestime pas ces personnes, car il faut souvent un travail conséquent pour l'obtenir (hors ceux qui se passent les grilles de question / réponses). Pour un certain nombre d'entre eux, ils deviennent des qualiticiens du cadre, et connaissent les nomenclatures par cœur, et sont capable de vous sortir tous les templates dont vous avez besoin, et d'être des personnes très motivées sur le déploiement de la forme.

Le jeu sera alors pour nous, de leur ouvrir les yeux, sur le fait que le cadre n'est qu'un support à l'agilité. Comme pour une belle peinture, le cadre met en en valeur, l'agilité qu'il contient.
Il faut imaginer que le framework que vous allez utiliser permettra de sublimer l'agilité que vous mettez en place.




Pour ma part, j'ai passé un certain temps à promouvoir des cadres, et cela m'a permis de me faire mon expérience, et d'apprendre énormément avec du recul, sur le fait qu'il faille s'adapter, et que le cadre ne s'adapte pas toujours bien. Il faut travailler du coup, sur la toile, et apporter par touches de l'agilité.
En travaillant avec les personnes, en les reliant (créer du lien) entre elles, on obtient de meilleurs effets qu'en essayant d'imposer un rituel.

Je suis devenu très attaché à la première valeur du manifeste agile : Améliorer la qualité des relations entre les individus, plus que de consacrer de l'énergie à mettre en place des processus et des outils. The modern Agile pousse d'ailleurs cette valeur vers "Make People Awesome".
Croyez en les personnes avec qui vous travaillez, et investissez votre énergie à les faire grandir, à leur apprendre, à les rendre meilleures.

Dans les métiers de l'informatique, de l'ingénierie, de l'étude, finalement, 90% de notre activité est liée aux personnes qui nous entourent, et avec une portée plutôt intellectuelle, que simplement mécanique. Ce qui est mécanique est de l'ordre du reproductible et surtout du prédictible.
Je n'ai jamais vu deux projets informatiques se passer "correctement" et surtout de la même manière. Mettez deux équipes de développeurs à faire le même produit, vous aurez deux résultats différents et surtout un chemin différent, autant sur la manière de faire que sur les difficultés rencontrées.


L'agilité n'est pas affaire de cadre, mais le cadre peut servir à l'agilité



J'ai vu bien souvent les gens se précipiter à mettre en place des daily, du management visuel, et d'autres réunions agiles.
Mettre en place le cadre. Dans l'absolu, cela donne des résultats, et c'est tant mieux. Mais est ce qu'on peut parler d'agilité?
Ma réponse, sera pas toujours... Et bien moins qu'on le penserait.

Une des choses intéressantes sur la mise en oeuvre du cadre, est que cela "force" un changement.
Les équipes se mettent en mouvement, changent leurs habitudes.
Cela peut aussi les amener à réfléchir et à remettre en question leur référentiel.... mais pas toujours.



La mise en oeuvre d'un cadre peut vous permettre d'apporter une impulsion, un changement, une rigueur aussi,  des nouvelles règles de vie en communauté et des points de repères. On ne peut pas dénigrer tout cela.

Mais faut il arc-bouter pour autant sur la tenue du cadre, et le rigidifier à  outrance, because of the book?
Absolument pas.

Comme toute transformation, l'important est le sens qu'on y donne.
Chaque entreprise commençant à son point de départ, et potentiellement sans changement profond, aura une ligne d'arrivée, où tout ne pourra pas être déployé.
Il faut connaître les limites, les apprivoiser, et se donner des buts raisonnés.


L'agilité dans les cadres


Quels sont les problèmes à résoudre? Et avec un zeste de bon sens, comment peut on aider à les résoudre. Car de mon ressenti, l'agilité est avant tout affaire de bon sens.

Face à un problème, reprendre le manifeste agile, et se dire, en quoi on ne respecte pas une des valeurs ou un des principes.
Une fois la valeur/ ou le principe identifié, il faut évaluer la capacité des personnes, à s'approprier ce principe, et à le mettre en oeuvre.
Vous pouvez alors essayer d'organiser un petit jeu, pour illustrer ce principe. Que les gens comprennent bien ce qui a été démontré par ce jeu, et ensuite essayer de les emmener sur le terrain du quotidien, et avec un peu de doigté, arriver sur le sujet que vous avez identifié comme étant un problème.
Compréhension, acquisition, appropriation.

Ensuite, regarder comment mettre en oeuvre. Peut être par la mise en place d'un rituel agile, d'une rencontre, d'une pratique... La solution importe peu. Il faut surtout que cela apporte un bénéfice, car on a compris qu'il faut remettre en équilibre certaines valeurs, pour que la machine soit ré huilé, et fonctionne sans à coup.

Donner du sens


Les outils, les pratiques, les rituels sont mis en oeuvre car un besoin se manifeste.
Et non l'inverse... On démarre par le besoin, et on établit le moyen d'y répondre en l'enrichissant de pratique, rituels, outils... Parfois il s'agit juste de faire ouvrir les yeux aux gens sur leur comportement, et les amener à comprendre en quoi cela les dessert, et trouver avec eux, une nouvelle manière de communiquer, et de travailler ensemble.

Par exemple, le daily meeting appuie un besoin de synchronisation, de planification, de sécurité, de partage, de visibilité, d'accompagnement, d'entraide... Mais il faut que le besoin existe, pour justifier de mettre en place un daily, et surtout donner aux personnes, le sens, et l'apport en valeur.

Cet exemple est un cas d'école, car il est souvent la première chose mise en place lors d'agilisation, mais le but sous jacent n'est souvent pas regardé.
Par contre c'est souvent une injonction simple qui est donnée : Toi équipe réunis toi toute seule pendant 15 min tous les jours, et on va vérifier. Et tu verras, tu pourras partager, et parler de tes problèmes ça va améliorer ton quotidien c'est sûr.


Les autres rituels, qui s'ouvrent à des personnes portant souvent des responsabilités et qui nécessitent plus de préparation, sont souvent plus laborieux à mettre en oeuvre.
Une injonction n'y suffit pas.
Le seul réel moyen d'y arriver est de donner du sens.

Et finalement est ce si important d'y arriver? Peut être qu'il existe d'autres manières de faire, et peut être que de changer le mindset des personnes et les aider à mieux travailler ensemble est peut être aussi le meilleur moyen d'y arriver plutôt que de s'imposer et d'imposer aux autres une réunion qui n'a de sens que dans certains cas et certains contextes, ou parce qu'un livre le dit.

Le cadre et les valeurs agiles?


Mettre en place un cadre de travail, c'est mettre en place des processus. Même s'ils paraissent vertueux, et qu'on a souvent besoin d'un processus décrit, et soutenant, n'oublions pas qu'il faut avant tout favoriser les individus et leurs interactions et se reposer ces questions:

  • Quelle valeur je produis en mettant en place ce processus/rituel agile
  • Quelle interaction je favorise grâce à cela, et au contraire quelle autre je réduis?
  • Est ce que je vais favoriser la collaboration, et mettre en place un cadre de sécurité en faisant cela?
  • Est ce que je ne rigidifie pas mon fonctionnement, plutôt que de me mettre dans une posture adaptative?
Vous aurez reconnu les 4 valeurs du manifeste. Comme quoi, en les traduisant correctement, on obtient un guide simple à utiliser dans n'importe quelle situation.