jeudi 17 septembre 2020

Ce que la CNV m'a appris

 La vie est faite de rencontre, et l'une de ses rencontres m'a apporté des rudiments autour de la CNV.

J'aimerai vous partager quelques éléments qui ont modifié ma vision du monde.


OSBD

Je me suis rendu compte que les personnes autour de moi, qui ont eu une "initiation" à la CNV, n'ont retenu que l'outil nommé OSBD.

O : Observation : je pars d'un fait, une observation dans mon environnement, et surtout dans mon présent.

S : Sentiment : Je regarde en moi, ce que cette observation provoque en moi en terme de sentiment (colère, tristesse, joie)

B : Besoin : je détermine à quel besoin, ce sentiment se réfère. Si je suis triste, c'est qu'un de mes besoins est impacté négativement. 

D : Demande : Je fais une demande auprès de mon entourage, afin de déclencher un mouvement afin de satisfaire le besoin, sur lequel j'ai un déficit.

Effectivement, cet outil permet de se centrer sur soi, et d'apprendre à effectuer des demandes pour satisfaire ses propres besoins, et donc se sentir mieux.

Mais il y a plusieurs dérives à cela, si on n'utilise l'outil, sans avoir été influencé par l'esprit de la CNV.

1/ On utilise cet outil comme d'une excuse pour faire des demandes, et s'offusquer de la réaction des autres, en se protégeant sous le sceau, oui mais j'ai fait une demande CNV, je ne comprends pas pourquoi il réagit comme cela.

2/ On confond demande et exigence, et on se retrouve dans une posture égoiste sous couvert encore une fois de la CNV.

Demande et exigence

La différence entre une demande et une exigence, c'est que lorsque vous faites une demande, vous pouvez imaginer que la personne en face de vous, peut vous dire non, et c'est tout à fait entendable.

ex :  

A : J'ai vu une affiche dans le métro, je me sens excité, car j'aimerai voir ce film. Je ressens un besoin de partage, et de détente. J'aimerai aller au cinéma ce soir avec toi. 

B: Non, je suis fatigué, j'aimerai me coucher tôt ce soir.

Là où ne s'arrête pas la CNV, c'est que ce n'est pas juste un manière d'exprimer à l'autre des demandes.

Il s'agit aussi de comprendre que ce qui est valable pour soi, est valable pour autrui également. Il est également dans une dynamique, de sentiment qui le relie à ses besoins, et qu'il a aussi besoin de nourrir ses propres besoins.

Il y a donc une notion d'acceptation d'autrui qui est très importante.

Acceptation

Le travail de la CNV commence par un travail interne assez profond.

Il s'agit d'apprendre à s'écouter, à écouter ce qu'on ressent, et en fait à prendre le temps de s'écouter.

Et de se poser la question, qu'est ce qui fait que je ressens cela? Mais pas dans le sens externe de la chose. Il ne s'agit pas d'énumérer les stimuli, mais plutôt de comprendre quels sont les besoins en soi qui sont nourris, ou au contraire qui sont frustrés, car en disette.

Quand on me refuse une invitation à dîner, qui est un stimulus, je peux me sentir triste pour différentes raisons, et donc différent besoin qui demandaient à être nourris:

  • besoin de connexion (passer du temps avec autrui)
  • besoin de considération (que quelqu'un prenne du temps pour moi)
  • besoin d'amusement (j'avais envie de passer du bon temps avec toi ou autrui, peu importe)
  • besoin de partage (c'était l'occasion pour moi de te partager des nouvelles sur ma carrière, ma famille, ...)
Ce n'est donc pas son refus qui est à mettre en cause. Il s'agit de voir quel besoin en moi est "frustré", et de déterminer par quel moyen différent je pourrai l'alimenter. Si j'avais un besoin de partage, finalement, je peux l'appeler, cela sera moins "fun" mais peu importe. Si c'est un besoin de considération, alors je vois avec lui quel jour pourrait lui convenir. Si c'est un besoin d'amusement, je peux choisir de sortir seul dans un bar, et prendre du bon temps au hasard d'une rencontre.

Ce qui est important à comprendre, c'est que ce n'est pas la faute d'autrui si on se sent mal. Ce n'est qu'un stimuli, si je carricature. La personne en face, a complètement le droit d'être indisponible, et a ses propres besoins à nourrir, et son propre contexte.
Elle ne cherche pas à nous nuire sciemment. 

Il y a donc un enjeu, d'acceptation, acceptation de soi, et de ses propres besoins, et acceptation d'autrui, et du fait qu'il a son propre contexte, que nous ne devons pas forcément comprendre.
 

Jeux de pouvoir & colère

Il est intéressant de comprendre, que par cela, on va essayer de quitter les jeux de pouvoir/domination, pour aller vers plus d'authenticité.

Du fait, qu'on a compris, qu'on est responsable avant tout de soi même, et que c'est dans soi qu'il faut puiser les ressources nous permettant d'être heureux, on va pouvoir quitter les jeux de domination, pour aller vers plus d'authenticité.

Les jeux de pouvoir sont des systèmes qui permettent de prendre l'ascendant sur quelqu'un à son détriment, et souvent c'est une relation perdante perdante. Mais  c'est aussi le moyen le plus courant de trouver de la satisfaction, et de penser répondre à ses besoins.

Déclencher de la culpabilité chez autrui, par exemple, pour le "forcer" à agir dans son sens est très courant. Plutôt que d'être dans la compréhension, et l'empathie, on va chercher à faire plier l'autre par différents jeux, pour satisfaire son propre égo.

Au travers de la CNV, nous connaissons nos besoins profonds, et nous savons qu'il existe différentes manières de les nourrir, et quand bien même, si ce n'est pas possible dans l'instant, il est plus important de ne pas créer de "violence" avec autrui, plutôt que de satisfaire de manière égoiste son besoin.

Nous essayons autant que possible d'aller vers l'authenticité, en exprimant ce que nous pouvons ressentir, mais ces sentiments nous appartiennent, il n'y a pas lieu de culpabiliser quelqu'un ou quelque chose pour cela. C'est une forme d'honnêteté émotionnelle. Et en être responsable, ne pas remettre dans les mains d'autrui la responsabilité de son propre état.

La colère fait partie à mon sens des jeux également. Il est plus facile de reprocher quelque chose à autrui, il est plus facile de lui nuire par une forme de violence, que de regarder en nous, ce qui se passe, et comprendre quelle frustration se joue en nous, et se manifeste par de la colère.

La colère est le signe que nous passons beaucoup de temps dans notre tête à juger, à faire des hypothèses sur les intentions de l'autre, à établir qui mérite d'être puni, à refaire le monde en pensant à ce qui aurait du être fait ou non. C'est le signe qu'on perd contact avec nous mêmes.

La colère ne devrait jamais être dirigé vers autrui, mais doit être une énergie qu'il faut canaliser, pour travailler pour soi. Elle a une force motrice énorme... Utilisons là pour mener des actions qui vont nous faire du bien. Par contre utiliser contre autrui, c'est une dépense d'énergie énorme, qui nous épuise, et qui ne mène à rien de positif. Il n'y a même pas réellement de soulagement.


Conclusion

Je pense qu'il est clair, qu'on est très loin d'un simple outil de communication. C'est une démarche personnelle très profonde, et avant d'avoir le coeur d'une girafe, le coyote va venir régulièrement parler à notre place.

En tous les cas, en terme de développement personnel, j'encourage les gens à s'intéresser à la CNV. Elle permet d'apprendre beaucoup sur soi, sur ses mécanismes, sur la manière d'interagir avec autrui, et de la difficulté d'être authentique.

Je vous encourage également, à cotoyer des personnes aguéris, pour vous aider à bien comprendre cette philosophie, et ne pas rester uniquement dans le processus ou l'outil, mais d'aller vers le vivant, ... car il s'agit bien d'apprendre à mieux vivre avec soi même, et avec autrui.


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