vendredi 18 novembre 2016

Je ne veux plus entendre le mot "agile"

Je ne veux plus entendre le mot "agile"

Titre choc, pour ce billet. C'est une réflexion que je me fais de plus en plus. Ne me parlez plus d'agile. En fait, n'employez plus le mot 'agile' en ma présence.
N'employez plus à tort et à travers comme la clef de résolution de toutes vos peines le mot "agile".
Ne pensez pas que utilisez le mot agile est une incantation qui balayera devant vous toutes vos incapacités.

J'aime l'agilité, je pense essayer de vivre les valeurs portées par le mot "agile", mais je ne les impose pas, et surtout je ne les impose pas à toutes les situations.
Certaines sont de bon sens, d'autres demandent une mise en oeuvre rigoureuse, dans un cadre donné.

J'utiliserai le terme "ils" pour désigner le groupe de personne qui veulent l'agilité en résolution de tous leurs maux.

Les "ils" ont tous entendu parler de l'agilité, les "ils" savent que c'est une méthode qui répond à des problématiques, à des situations.
C'est vrai, l'agilité est une pratique permettant de résoudre des problèmes complexes, dans un environnement fluctuant (dans une certaine mesure), et permettant de s'adapter, et d'accepter le changement.
Ce que les "ils" retiennent sont les mots adaptations, complexes et changement.
Moi je leur apporte les mots responsabilité, engagement, vision, rigueur, amélioration continue, changement de posture, collaboration, écoute, respect.

Trop souvent, les "ils" choisissent ce qui les arrange, et surtout ce qui ne leur demande que peu d'effort. La mise en oeuvre d'une pratique agile, est avant tout l'acceptation de mettre en place des règles de groupe, qui contraignent un cadre, afin que chacun puisse s'engager, en ayant en tête les règles du jeu.
L'abandon des règles de groupe, permet trop facilement aux "ils" de se déresponsabiliser face aux groupes, et de ne porter son engagement que sur sa portée individuelle.

De mon expérience, les "ils" sont dans le paradoxe constant. Les "ils" veulent un travail collaboratif leur permettant de faire porter l'effort sur un nombre de personnes, mais les "ils" ne délèguent pas. Faites à ma place, mais je veux le faire aussi par peur que cela ne soit pas bien fait, ou ne plus "être" aux commandes.
Cette technique désengage l'équipe qui ne perçoit pas sa capacité à se responsabiliser et à produire de la valeur.

Le changement est aussi un "mal du siècle". Là où la vertue de l'agile est de pouvoir s'adapter au changement, pour ne produire que de la valeur, continuellement, les "ils" perçoivent ce paradigme, comme la possibilité de ne pas définir, et de changer continuellement, et de profiter de la capacité d'adaptation proposé par l'agilité.
Malheureusement, une autre méthode existe depuis longtemps pour cela, et l'agile n'a pas la prétention de la supplanter : "A L'arrache".

Travailler de manière "agile" est un changement important. On ne remplace pas le chaos et une absence de méthode, en agitant un colifichet nommé "agilité".
Se rattraper aux branches quand on tombe, ce n'est pas être agile. Etre agile, c'est surtout mesurer le risque, l'accepter, trouver la meilleure solution pour surmonter l'obstacle, bâtir la solution en équipe, et enfin réussir à passer l'obstacle.
Je pense que les meilleurs "grimpeurs" (escalade libre notamment), sont des gens qui ont une préparation très importante, qui choisissent leur route de manière consciente, et basé sur une expérience en ayant mesuré les risques et en évaluant leur capacité à faire.
Cela leur demande des semaines de préparation, avant de s'engager sur une nouvelle voie d'escalade.

Tout commence avec la vision. La vision c'est ce qui porte l'équipe. Où va-t-on, pourquoi, et quelle valeur on en retire? (J'aborderai à un autre moment coût et valeur.)
Le plan permet de définir comment on y va, et de définir les règles de vie. Il faut des règles, comme un sport. Les règles définissent la fin de la partie, comment on mesure le succès, ce qui est permis, ....

L'engagement et la responsabilité sont 2 piliers importants. La responsabilité est une responsabilité morale mais c'est surtout une responsabilité collective. Tout succès, toute défaite est le fait de l'équipe. Quelqu'un qui n'a pas pu terminer sa tâche, relève de la responsabilité de l'équipe.
A-t-on sousestimé le travail? A-t-on surestimé la capacité à faire? A-t-on vérifié le bon niveau de compétence? A-t-on apporté toute l'aide nécessaire?
L'engagement est la capacité de chacun à s'investir pour les autres pour que le projet au global réussisse.

L'amélioration continue est la capacité à se critiquer, et à trouver les axes d'amélioration. Cela demande une capacité d'auto inspection, une capacité à critiquer de manière constructive, mais surtout c'est une ouverture vers les autres.
Partager ses propres problèmes, sans avoir peur d'être jugé. Etre capable d'écouter sans juger. Etre capable d'écouter, avoir une écoute active. Est ce que les "ils" savent encore écouter sans imposer leur expérience, leur point de vue?

Accepter le changement oui! Accepter son propre changement en premier lieu, déclencher le changement chez les autres.
Accepter le changement sur votre projet ne devient, ensuite que du bon sens. Pourquoi produire quelque chose qui n'a plus de valeur. Cela n'a pas de sens.

Avant de demander à travailler en mode "agile", trouver quelqu'un qui vous écoutera, qui vous aidera à fixer vos peines, qui écoutera votre projet, et qui expliquera ce qu'implique l'agilité.
Alors seulement, une fois que vous aurez mesurer les transformations nécessaires dans votre manière de travailler, engagez vous, et travaillez en agile.

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