jeudi 2 juin 2022

Priorisation & pression

Je me rends compte que bien souvent les difficultés rencontrées autour de la priorisation sont souvent issues de la pression exercée.


Du fait de cette pression, on ressent des difficultés à prendre du recul, on est dans le faire, faire... et dans la peur de ne pas bien faire, et notamment en terme de quantité.

On se retrouve dans une sorte de cocotte minute infernale. La pression est constante, et le surplus de pression sort par la soupape.

On se retrouve dans un mode, où on ne peut rien changer, car on ne peut pas ouvrir la cocotte minute pendant la chauffe, et il faut même attendre un certain temps que la pression soit redescendue pour l'ouvrir. Une fois les ingrédients mis, on a un résultat à la fin quoiqu'il arrive.

Si on reprend une image culinaire, si vous faites mijoter un bon ragout, sans pression, vous pouvez voir régulièrement ce que vous faites, ajuster les saveurs, ajouter des morceaux, éventuellement, commencer à déguster, sélectionner les morceaux...

Les points qui favoriseront la descente de la pression, et je ne pense pas que cela soit une nouveauté, mais on a parfois besoin de reprendre conscience de l'importance de ceux ci.


1/ La vision


C'est important de pouvoir se dire ce qu'on veut faire sur le terme, se donner une trajectoire, des envies, une feuille de route, ou en tout cas un guide cohérent, nous permettant de vérifier que nous allons dans la bonne direction.


Cette vision sert notamment à arbitrer les éléments, car si un nouvel élément arrive, il faut voir si cela correspond à la stratégie, et s'il n'en fait pas partie de pouvoir acter qu'on ne le fera pas dans cette feuille de route.


C'est peut être aussi à la fin de l'année, car finalement, on a encore souvent des budgets annuels, de faire une rétrospective sur ce qui avait été prévu vs ce qui a été fait. Et par ce chemin, réfléchir aux processus de décisions, aux circonstances de décision, et pouvoir en conscience reprendre une route sans faire semblant, en honnêteté. 

C'est aussi l'occasion que chacun reprenne ses responsabilités, et que chacun trouve le pas qu'il peut faire vers l'autre.

Peut être aussi, qu'on va se rendre compte, que ce ne sont pas les bons interlocuteurs qui travaillent actuellement ensemble. Comment arbitrer, prendre des décisions stratégiques, quand on est en délégation?


2/ Le travail capacitaire


Au final, quelque soit l'argent que vous injectez, on est toujours limité par la capacité des hommes dans leur travail. Ce n'est pas parce que vous avez ajouté 10 développeurs, que vous irez dix fois plus vite. C'est un leurre.

Devenons honnête sur notre capacité à faire, et nos limites, et utilisons les comme une valeur, une source de partage.

C'est un principe fort qu'on retrouve dans Kanban, rendre visible le travail, mais aussi les limites des équipes en terme de capacité à chaque étape du cycle de vie de la demande.

Dans une relation client/ fournisseur, vous serez toujours dans cet espèce de négociation qui ne satisfait personne au final, car chacun essaye de tenir ses objectifs personnels, et on a du mal à s'inscrire dans une stratégie d'entreprise.

Idéalement, il faut dépasser cela, et créer un partenariat entre les différentes parties. Chacun devrait pouvoir comprendre les contraintes de l'autre, et surtout faire les pas nécessaires pour rendre les choses plus harmonieuses entre les parties.


3/ Sécurité 


Je pense que c'est un enjeu important, qui va permettre d'aller vers ces fameuses relations harmonieuses.

Si on fait un peu attention au temps consommé sur nos projets, vous verrez qu'un temps très important est dépensé dans des postures de défense, de protection.

C'est un cercle vicieux compliqué à combattre mais qui peut s'avérer très bénéfique sur le long terme pour toutes les parties.

Un exemple concret de temps consacré à la défense / protection est ce qu'on appelle par exemple la recette applicative. Ce que j'appelle la peur de passer en production.

On passe un temps important dans ce cycle, pour à la fin pouvoir dire, vous prenez la responsabilité (PV de recette) de passer en prod, donc vous ne pourrez pas nous reprocher par la suite des choses. 

Si on imaginait un cadre, où le droit à l'erreur existait, et était pleinement assumé, on ferait du test en continu, avec des petits morceaux. Si on met en prod, un erreur, on est alors capable de rectifier le tir en quelques heures (c'est petit, on vient juste de travailler dessus,...). On fait du cycle court au global, même dans la manière de travailler.


L'insécurité amène sa charge mentale du début à la fin. Insécurité dans le choix des sujets qui nous paraissent important, insécurité dans le cycle de préparation, insécurité dans les instances de décision, insécurité dans la spécification, insécurité dans le développement, dans le test, dans la mise en production, dans la gestion des retours, dans les comités de pilotage...

Du coup, pour palier à cette insécurité, nous créons tout un tas de processus (écriture d'expression de besoin, de spécification, de gestion budgétaire, de suivi, de contrôle, de partage) et avec une comitologie qui permet de garder les bonnes distances, et se justifier.


Injecter de la sécurité, et vous verrez que tout un tas de processus vont devenir obsolètes, et vous gagnerez en time to delivery, en qualité, et en valeur produite, avec le même budget initial.


C'est intéressant de voir que certains processus datent d'une époque, ou d'un contexte qui n'a plus forcément lieu aujourd'hui. Mais qu'il est très difficile de s'en affranchir. Ils ont servi un jour...


Le lien vers la vidéo





jeudi 3 février 2022

Transformation ou adaptation

Toujours sur le thème de la violence, je voulais faire un petit article sur un détail étymologique qui pourrait vous apporter du sens, et moins de violence.

Le mot transformation pour moi, a toujours eu pour moi une connotation un peu violente. Une sorte de changement "radical" qui pousse à renier ce qu'on a été pour embrasser un nouveau costume. Et qui pourrait dire, vous faisiez "mal", vous allez faire "bien".

A mon sens, le but nos transformations est de faire grandir, et de faire évoluer l'individu vers le collectif, en intégrant de nouveaux savoir être.

Adaptation intégrative

Je pense qu'en tant qu'agiliste, un terme plus serein me vient à l'esprit qui est adaptation. L'adaptation n'est pas un reniement de ce que nous sommes, mais plus l'utilisation de ce que nous avons été, pour se mouvoir dans un nouvel avenir. Il est dommage de jeter à la poubelle tant de savoir faire, et de savoir être, pour le plaisir d'un "agile-washing", grand nettoyage à sec au nom d'un idéal, d'une notion.

L'adaptation seule ne suffit pas, il faut également intégrer de nouveaux concepts, de nouvelles manières de voir les choses, c'est pour cela que je préfère parler d'adaptation intégrative. On va intégrer dans notre démarche un ensemble de savoirs supplémentaires, qui vont venir compléter notre manière de faire, ce qui pourra demander parfois des adaptations à nos habitudes.

Le Manifeste Agile par ailleurs appuie le fait qu'on ne renie pas tout d'un bloc, mais qu'on va aller dans une direction privilégiée, vers de nouvelles valeurs :

" Précisément, même si les éléments à droite ont de la valeur,  nous reconnaissons davantage de valeur dans les éléments à gauche.".

En tant qu'agiliste, je soutiens l'épanouissement des individus et des interactions entre eux, et en même temps, je ne renie pas la valeur que peuvent avoir un processus ou un outil, qui viendrait soutenir les individus et leurs interactions.

Dans une démarche, dite de transformation, le but ne serait pas de faire table rase, mais bien d'intégrer des nouveaux concepts à leur prédécesseur. Nous le voyons bien, il n'est pas possible de supprimer 20, ou 30 ans d'existence dans un autre mode, juste en le décrétant.

Ce n'est pas une coexistence à proprement parler, mais une adaptation, et une intégration de nouveaux concepts.

Intégration à la performance

Nombre de sociétés sont dans la recherche de performance. Dans le monde qui est le notre, il n'est pas imaginable de sortir de la recherche de performance. Par contre, les moyens de l'obtenir peuvent être adaptées.

J'ai l'impression que pour certains le mot performance est un mot à casser, car agilistes que nous sommes, nous avons à cœur de développer des valeurs autour de l'humain, et souvent le mot performance l'a été au détriment de l'humanité de l'entreprise.

La performance n'est pas quelque chose de "mauvais", ce sont plus les moyens utilisés pour y arriver qui ont pu être déshumanisant. Si vous voulez avoir une approche adaptative intégrative, il faudra composer avec les besoins de l'entreprise, et la recherche de la performance en est un un.

La mise à l'agilité amène à aller vers une nouvelle direction. On va rechercher plus de valeurs humaines, plus de sens du collectif, moins de chef, pour plus de "nous", où l'importance de la place de chacun est important pour chacun, plus que l'intérêt pour sa place individuelle.

Le point de départ de "nos transformations" est souvent une organisation très hierarchisée, construite dans un but de recherche de performance, de valorisation du mérite(travailler dur pour réussir et monter les échelons), et très centré sur l'individu et de sa performance individuelle.

Ma vision est qu'il est nécessaire d'apporter une réhumanisation de cette organisation, tout en tâchant de continuer à cibler une performance, mais qui sera valorisée collectivement, et sans oublier l'individu, qui doit trouver sa place, et son contentement.

Il ne faut pas créer une cassure, mais plutôt prolonger l'individu à son collectif, à ce qu'il apporte aux autres, à sa contribution au grand tout.

Nous allons donc essayer d'apporter plus de sérénité dans les relations, donner de la place à chacun dans le collectif, ce qui va apporter de la sécurité (ma place n'est plus menacée) et donc une propension à essayer, expérimenter et donc à innover et à sortir de :

"Faire plus de la même chose est une excellente stratégie pour réussir à échouer"

-- Paul Watzlawick


Et en même temps, on va utiliser notre expérience, pour s'objectiver, mesurer, se challenger, et garder cet objectif de performance.

L'enjeu sera de montrer qu'on peut continuer à performer, mais autrement. C'est un enjeu complexe car, bien souvent, coach que je suis, nous sommes complètement dans la mise en oeuvre du réhumaniser, de créer du sens du collectif, d'abolir de la hiérarchie, en rendant tabou l' "ancien monde". Si je veux être crédible, et intelligible par tous mes interlocuteurs, je dois savoir écouter ce besoin de performance, et l'intégrer dans ma démarche, et peut être passer du temps avec les "compteurs" (même si ma préférence va aux conteurs), pour voir avec eux ce qu'il y a à compter, et ce qui va être comptable à la fin, et j'espère que tout cela me mènera à vous conter d'autres histoires.

mercredi 19 janvier 2022

Douceur en transformation

Douceur dans les transformations

Petit constat de ma vie de coach agile. J'aimerai vous aider à prendre un peu de recul, dans vos activités de transformation, d'accompagnement d'équipes, afin de réintégrer de la douceur dans ce que vous faites.

Nous faisons un métier, où pour parti nous servons de véhicule d'un message qui ne nous appartient pas. La direction a choisi de mettre en route une transformation, et chacun doit se conformer à ce message.

L'entreprise recrute des coachs, et ceux ci s'approprient "la transformation", et bien souvent ils essayent de la modeler à leur image, leurs idéaux, leurs valeurs. Je dis ceux-ci, il est entendu que j'en fais partie.

Bien souvent, j'ai ressenti une grande désillusion quand mes idéaux n'ont pas rencontré ceux de l'entreprise. Mon envie de faire les choses bien, en grand, de garantir la sécurité et le bien être de mes équipes, de réussir à faire changer le mindset de toute la chaîne managériale, et tout cela, avec amour et tendresse.

Je me suis rendu compte, qu'il était difficile de faire mon métier, si je restais sur des idéaux trop éloignés des possibilités de l'entreprise où je venais apporter la "bonne parole". J'essaye aujourd'hui de traiter cela avec plus de douceur, et pour moi, et pour les autres, car au final, une transformation apporte une forme de violence, qui ne peut être ignoré. Et en tant que coach, je dois composer avec cette violence, pour la ramener à quelque chose de plus doux et serein.

Violence envers les managers


Les managers ont des objectifs chiffrés, des plannings de livraison à tenir, et bien souvent avec peu de moyens, car la transformation doit apporter les leviers de productivité. Ils n'ont bien entendu pas le droit non plus de dégrader la production, car la transformation apporte vélocité, et qualité, il n'y aucune raison de réduire la voilure. Nous sommes bien conscients, que tout changement nécessite  un temps d'intégration, d'apprentissage, et de maîtrise. Je trouve tout à fait normal que la production soit dégradée dans un premier temps, pour amener ensuite une forme de productivité, plus de motivation(bien être), le fait de ne produire que de la valeur, et de la qualité.

Les managers doivent porter bien souvent une transformation qu'ils n'ont pas choisi, sans moyen, ni support. On voit bien la violence dans  l'injonction "change" (devient agile) qui est en contraction avec "ne change rien" (la production doit continuer de la même manière, même niveau de service).

Violence envers les équipes

Pour les équipes, il y a de la violence également. De manière implicite, le message véhiculé ressemble fort à "on va vous apprendre à travailler maintenant". Pour autant, le message est souvent bien accueilli car il va avec de nombreuses promesses : "auto gestion", "autonomie", "droit à se gouverner", "plus de valorisation de la production".

Malheureusement, on s'aperçoit souvent qu'on n'aboutit que rarement à cette promesse, et on atteint souvent un plafond de verre. On demande aux équipes des résultats tangibles, hors de la même manière une non autorisation de réduire la productivité, et donc d'apprendre, de se former, de trouver son équilibre. Et on entend souvent ce reproche de manque d' "agilité" : souplesse, flexibilité, acrobatie.

On se retrouve dans la même violence d'injonction.

Violence envers les coachs

Pour les coachs, il y a aussi beaucoup de violence dans les transformations. On nous reproche assez rapidement une posture basse, posture d'émergence, qui dénote un manque d'implication dans le résultat. On aimerait d'ailleurs nous demander de participer à la production, eut égard à notre tarif journalier. Et nous sommes les premiers qui sont remis en cause, pas assez efficace, pas assez de résultats tangibles, mesurés à partir de Kpi quantitatif. Et on n'aura de cesse de comparer avec l'entreprise ou le département, qui elle/lui est agile.

Plusieurs injonctions jouent contre nous : injonction d'aller vite alors que le changement prend forcément du temps, coacher versus produire, faire pareil mais différemment...

Résilience

Au final, comme on peut le voir, une transformation contient sa part de violence, si on n'y prend garde.

Je prends aujourd'hui beaucoup de recul dans ces démarches de transformation. Je me rends compte du nombre d'injonctions, et du nombre d'injonctions contradictoires que tout le monde reçoit. J'essaye de ne pas y apporter les miennes, et au contraire, de mettre à jour les paradoxes pour apporter de la douceur aux équipes, et non pas une sorte de piège ingérable.

J'aime à travailler la résilience de chaque sous système, pour qu'elle puisse encaisser les changements, et pouvoir continuer à vivre et à évoluer. Je préconise pour améliorer cette résilience, de mettre en place des groupes de soutien par exemple, d'écoute et d'un cadre de sécurité psychologique, indispensable pour la capacité à changer.

Il est important que chaque sous système puisse trouver son rythme, sa respiration (pouvoir respirer littéralement). Il est fort possible que la transformation soit asynchrone, et que chaque partie évolue à son rythme. Il est normal de devoir s'arrêter d'apprendre, pour prendre le temps de l'assimilation et de l'intégration, et du repos pour pouvoir réamorcer la machine pour gravir la prochaine marche. Le système a besoin d'énergie pour fonctionner, il ne faut pas hésiter à trouver les moyens de re énergiser par différents moyens (pause, donner du sens, célébrations, maturité d'équipe, intégration,...)

Je ne suis pas un bisounours, mais je me préoccupe du long terme, et non des succès court termistes( sans déconsidérer la démarche des petits pas). C'est une grande chose de changer, il faut beaucoup de douceur, de délicatesse, et de considération, pour éviter qu'une grande vague vienne se fracasser sur ces personnes avec qui nous travaillons et nous emporter dans le même temps.


"Un commencement est un moment d’une délicatesse extrême."

 -- Princesse Irulan

mardi 17 novembre 2020

Droit à l'erreur

J'ai eu le droit à une question qui m'a touché récemment : "et toi, le droit à l'erreur tu y crois vraiment?"

"Car cela peut avoir des conséquences de se tromper, pour l'entreprise, pour les gens qui t'entourent..."

Je pense que la question est légitime, et j'aimerai y apporter ma réflexion.

Oui, je crois au droit à l'erreur. Mais qu'est ce que cela signifie?

Le droit à l'erreur dans l'agilité

Le droit à l'erreur est une notion importante en agilité. 

De par l'observation de nos projets, nous savons que le résultat n'est que très rarement au niveau de ce qui était attendu. Alors par honnêteté intellectuelle, plutôt que croire que nous pourrons être au niveau zéro erreur, nous prenons le parti de se dire, que cela va arriver.

Un projet, et notamment informatique, est une chronologie de choses imprévues, et d'erreur à tous les niveaux de la chaîne. Et cela s'explique, il n'y a pas à chercher à créer un monde parfait, et rigide, au contraire, c'est un monde changeant et mouvant. Il n'est pas possible de tout prévoir.

Du coup, le parti pris est d'accepter les erreurs, mais d'en atténuer les impacts. On peut se tromper, mais il faut être en capacité de vite récupérer son erreur.

On met en place des cycles courts, des itérations, des démonstrations afin de récupérer du feedback (que cela soit auprès des utilisateurs, mais aussi auprès des "machines" : est ce que l'installation fonctionne, la charge est supportée....), trouver des solutions ensemble, et mettre en place des plans d'amélioration pour être meilleur à chaque fois.

Du coup, la gestion de l'erreur doit être dans une perspective d'apprentissage. On a essayé quelque chose, on s'est trompé, mais on a appris, et on fiabilise du coup ce que nous faisons.

Dans ce cadre, où l'impact est limité par une prise en charge rapide de l'erreur, les personnes se sentent plus confortables, car elles savent qu'elles peuvent:

  • Ne pas être parfait (ce qui est une injonction ne pouvant pas être respectée par défaut), et que si jamais elles se trompent, elles ne seront pas pointés du doigt
  • Essayer de nouvelles choses, et que si cela réussit, cela apporte des choses très positives, et que si cela échoue, l'erreur ne met pas en péril le projet, car la portée est limitée et on aura appris de cette expérience

Errare Humanum Est

D'une manière plus large, la vie est une longue expérimentation. Heureusement pour nous, nous ne savons pas tout sur tout, et l'ensemble des contraintes et des pressions nous poussent à faire des choses qui sortent soit du cadre de notre compétence, soit du cadre de notre congruence.

Nous nous trompons, nous faisons des erreurs. C'est un fait. Nous faisons sûrement du mieux que nous pouvons, mais nous sommes amenés à agir hors du cadre de notre zone de contrôle, et à faire des choses incertaines, ou à prendre des décisions rapidement sur la base d'éléments insuffisants, ou hors de notre cadre de référence.

C'est notre quotidien. Il s'agit de ce que nous disons à notre voisin, il s'agit des décisions que nous essayons de prendre pour nos enfants, il s'agit des choses que nous produisons au travail, ...

Et effectivement, cela a des conséquences. En fait ces conséquences existent toujours, qu'elles soient le fruit d'une erreur, ou d'un choix judicieux. Mais louons la personne qui a choisi d'agir. Elle a pris un risque en agissant, et elle a essayé de répondre à ce qu'on lui demandait, ou a essayé d'agir au mieux de ce qu'elle était capable de faire.


Oui Mais


Certaines personnes ne supportent l'erreur des autres, et ont des niveaux d'exigence incroyables.
Perte de confiance, perte de poste, perte de carrière, mise au placard...

Tout cela existe bien entendu, et est très répandu dans nombre de sociétés.

A mon sens, c'est lié à des phénomènes culturels, d'intérêts personnels, et de communication.

La Culture d'entreprise


Dans une société, très hiérarchique, chacun doit rendre des comptes à son supérieur, et on se trouve souvent dans des postures de micro management. Il y a une "peur" d'annoncer de mauvaises nouvelles, et d'afficher la réalité. Il faut toujours être parfait et impeccable, pour plaire à son supérieur, et surtout ne pas avoir besoin de justifier, une erreur de jugement, d'appréciation. On est responsable de son périmètre, tout doit être sous contrôle.
Dans cette dynamique, l'erreur n'est pas tolérée, car elle ramène à la peur d'annoncer la mauvaise nouvelle, et de se faire juger sur l'erreur d'un autre.

Il est évident que dans ce genre de culture d'entreprise, la prise d'initiative est très limitée, tout doit être sous contrôle. Réussir à faire basculer cette culture demande à ce que le manager de l'entité, est un vrai leadership et une capacité à assumer ses décisions. Peut être que tout ne suit pas le "PLAN", mais les résultats peuvent être là malgré tout, et peut être que si une année est moins bonne, c'est qu'on a investi pour une année meilleure l'an suivant.

On en revient à essayer de discuter d'autonomie, de responsabilités délégués, de confiance, et de création d'une structure se basant sur un collectif qui s'aligne dans une même direction.


Les intérêts personnels


Ce topic est en partie lié au précédent. Dans une culture d'entreprise où on favorise la carrière personnelle, où on reçoit un variable lié à ses propres résultats, ... on aura des managers très individualistes qui prendront tout très personnellement, car cela va impacter leur résultat, et leur récompense.
Quand en fin d'année, j'ai l'espoir de recevoir 50k€ en variable, c'est une somme qui fait réfléchir, et sur laquelle la plupart des gens auront du mal à s'asseoir dessus au nom de l'intérêt commun.
Quand la prime est de l'ordre de quelques centaines d'euro, je suis plus à même à m'en désintéresser. Cela ne change pas grand chose à mon niveau de vie. 

On aura alors des discours, sur les impacts que l'erreur a sur la société, qui en fait, sont juste des masques autour de la crainte de ne pas toucher son variable, ou d'avoir des conséquences sur sa personne (carrière, ....).

Avant que le manager puisse devenir leader, et mettre en place une libération du collectif, pour plus de coopération, et de développement de son effectif, le manager doit devenir désintéressé de son intérêt personnel. 
Il ne s'agit pas de ne plus être impliqué dans la vie de sa structure, mais de changer son implication.
Il ne s'agit plus de rechercher son propre avancement, son propre développement, sa propre récompense extrinsèque, mais de s'accomplir dans un but collectif, où voir les autres grandir est une récompense du quotidien. 


Bienveillance envers soi même


Enfin un sujet important, et quelque soit la culture de l'erreur qui vous entoure, il y a un sujet autour du soi.
Il faut savoir s'accorder de la bienveillance (être bon envers soi même). Même si autour de vous, les gens ne le pensent pas, il faut s'accorder à soi son propre droit à l'erreur.
Autant la question peut sembler légitime autour de soi, dans son entreprise, est ce qu'on a vraiment le droit de se tromper, je ne suis pas payé pour me tromper... etcetc.
Autant en se concernant, dans sa propre bulle, dans son propre univers, il faut souffrir d'honnêteté.
En étant honnête avec moi même, je sais que la perfection n'existe pas (c'est peut être une croyance que certains auront du mal à imaginer). Il y a toujours un moment où j'apprends (de mes erreurs), et je suis amené à faire des erreurs pour toutes les raisons qu'on s'est dite auparavant.
Je le sais ... Je l'accepte ... je ne me sens pas coupable de m'être trompé. Je peux me sentir coupable, si je n'ai pas fait de mon mieux (paresse, manque de motivation, ...) et encore, c'est un sentiment que je préfère éloigner.

Si chacun s'accordait cette bienveillance, peut être que cela serait déjà un bon point de départ, pour accorder cette même bienveillance envers ceux qui nous entourent?


Pascal Ogil




lundi 12 octobre 2020

CNV et accord de tolteque

Je trouvais intéressant de créer des relations entre les accords de tolthèques et la CNV.

Dans le monde qui m'entoure, et l'agilité, les accords de tolthèques sont mentionnés de plus en plus souvent, et je vois les gens se poser la question de comment les mettre en oeuvre, et de discuter entre eux de la difficulté de les mettre en oeuvre.

Je vois la fierté des gens de les connaître, et en même temps, il y a comme un accord tacite de dire qu'il est très compliqué de les mettre en oeuvre. Peut être qu'il manque quelque chose, pour mieux comprendre en pratique ce que cela signifie au delà, de belles formules, sur lesquelles on est tous d'accord pour dire que cela serait bien.

Lors de mon initiation à la CNV, j'ai trouvé des parallèles très intéressants, et je trouve que de pratiquer la CNV permet de mettre en application ces différents accords, et de se sentir mieux dans sa vie.

J'écris cela, en espérant que cela donnera quelques pistes de réflexion, sur la mise en musique de ces accords.

Que votre parole soit impeccable

Finalement, ce premier accord semble assez évident, mais qui aujourd'hui sait réellement, parler de manière impeccable? Sans heurter la personne en face de nous, sans créer quelque chose en elle de négatif, sans exigence ni culpabilité.

Ce n'est réellement pas si simple. Malgré tout, la plupart des personnes  conviennent que cela reste l'élément le plus simple à mettre en oeuvre, car il est dans notre contrôle, et qu'il est dans le dialogue.

Effectivement, il est à notre main, car il s'agit de nous, de dire des choses. Mais il arrive souvent que nos paroles ont des impacts plus que de raison. 

Parfois nous sommes sous le coup d'une émotion, et nos paroles s'envolent, parfois la personne en face de nous, avec ces filtres, interprète les choses, enfin parfois nous sommes juste maladroits.

La CNV nous conduit avant tout à essayer de parler de nous. Déjà, si nous éliminons le jugement, le je pense de toi, tu devrais, ... C'est à dire parler de l'autre, nous retirons de notre discours, 90% de notre capacité à nuire à autrui, de manière intentionnelle ou non.

Il s'agit de sortir de jeux d'influence, qui ont pour vocation à prendre l'ascendant sur autrui. Car nous cherchons du réconfort, de la compassion, parce que la personne nous a mis en colère, on la fait culpabiliser, etcetc. Au quotidien, nous parlons en s'influençant, en essayant que l'autre réagisse d'une certaine manière pour avoir son attention, ou obtenir quelque chose.

La CNV nous explique, qu'il faut être honnête avec soi même, et parler de soi, de manière objective, afin de tendre vers de l'authenticité. La parole impeccable est là. Quand nous sommes authentiques.

Ce que nous disons de nous est vrai, sans intention. Une observation de ce qu'on ressent, dans certaines situations, et de ce qu'on aimerait pour soi, pour se sentir bien. Toujours en veillant à ne pas être dans l'exigence, et en ayant conscience qu'il peut y avoir plusieurs stratégies possibles à mettre en oeuvre, pour combler son besoin.


Quoiqu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle

Cet accord est souvent bien difficile à mettre en oeuvre. Comme dit précédemment, nous sommes au coeur de jeux permanents d'influence.

Quand quelqu'un nous fait une remarque, émet un jugement, une opinion, nous sommes habitués à les recevoir à 100% de manière très personnelle. Pourquoi il a dit ça, il m'en veut? J'ai fait quelque chose de mal? Que pense-t-il de moi? A qui en a-t-il parlé?

Nous sommes dans l'élaboration, et nous créons un cocon de "paranoia" comme si la personne en face de nous, avait une intention particulière de nous nuire. Il est entendu que cela existe. Malgré tout...

Le livre des accords le décrit assez bien, même si cela reste assez imagé. Chacun a sa sphère de vie, dans lequel il est protégé, où aucune blessure ne peut vous être infligée sans que vous ne le vouliez.

D'un point de vue CNV, on n'ignore pas non plus les stimuli externes, mais on essaye de savoir ce que cela provoque en nous et pourquoi. On peut ressentir de multiples choses, comme la tristesse, ou la colère qui sont l'émanation de besoins non assouvis. 

Du coup, plutôt que de ruminer sur la cause du propos de la personne, et se sentir "nul", "incompris", "désavoué", qui sont des jugements portés sur soi même, on prend le temps de ressentir son émotion, et d'explorer ce qui la provoque.

Je suis triste, car j'ai un besoin de reconnaissance, et au lieu qu'il soit comblé par des félicitations, j'ai reçu quelque chose d'inattendu. Que puis je faire, pour satisfaire ce besoin, et reprendre le contrôle de ma vie. Quelle stratégie je met en oeuvre, pour me reconnecter au présent, et me mettre en mouvement?

Finalement, ce que pense l'autre, n'a pas d'intérêt réel, dans le sens où il a juste éveillé en moi, un sentiment corrélé à un besoin à assouvir. Son intention, ou son comportement ne sont pas en jeu.


Ne faites pas de supposition

On est assez proche du deuxième accord. Le fait de le prendre personnellement est souvent lié au fait de faire des suppositions. On imagine que l'autre nous veut du mal, a une intention, cherche à nous manipuler, à exercer une influence sur nous.

Pire, on imagine qu'on est capable de connaître ses pensées, et de programmer ses intentions et ses actions.

Enfin, il y a une troisième supposition qui nous gèle, c'est qu'en pensant à la place de l'autre, nous nous sommes persuadés qu'il refusera, qu'il dira non, ou qu'il va mal le prendre, etcetc.

La CNV nous conduit de nouveau à nous centrer sur nous, et à chercher des réponses en nous, pas dans les autres. 

Nous ne savons pas ce que pense l'autre de toute façon, et nous ne pouvons pas prédire ses réactions (on peut juste essayer de l'imaginer, mais cela reste du temps perdu). Il s'agit d'une part de courage (d'assumer ses besoins) pour faire une demande, et d'autre part de congruence / d'authenticité (de s'écouter soi même, et être en accord avec soi même, et le montrer).

Qui sait ce qui va arriver?

Faites toujours de votre mieux

Celui là semble évident, mais je me rends compte qu'il n'est pas si facile de faire de son mieux. Lié à faire des hypothèses, nous passons du temps, à ne pas faire, ou à faire de manière tronquée, par peur de la réaction de l'autre, ou en imaginant ce qu'il va en penser.

Encore une fois, il s'agit de s'écouter, et de penser à ce qui est bon pour soi, au lieu d'imaginer ce qui serait bon pour autrui.

Prendre soin de soi d'abord. Quand on se sent bien dans sa peau, notre relation aux autres s'améliore également. 

C'est d'une grande difficulté. Faire les choses pour soi, car cela correspond à notre besoin, et à notre désir d'être heureux, et non pas faire les choses pour plaire ou complaire aux autres.

Du coup, c'est faire les choses du mieux qu'on peut, dans notre cadre personnel.

Soyez sceptique mais apprenez à écouter.

Ce 5e accord moins connu a été ajouté dans les années 2000.

Il faut apprendre à se méfier de ses propres comportements ou croyances qui filtrent la réalité. Ne prenez pas non plus tout pour argent content.

Tout cela reste dans un cadre où la bienveillance prévaut. Il faut apprendre à se connaître, et à décortiquer les émotions de surface, pour bien voir ce qui sommeille réellement en nous.

Parfois nous nous engageons dans la voie du jugement, car nous avons mal. Il faut se poser la question de pourquoi cela nous fait mal, et surtout de notre jugement sur autrui, qui est parfois hâtif, car facile. Au final, est ce vraiment son intention, qui suis je pour le savoir?

>Il faut également se mettre en résonance avec le monde qui nous entoure, et apprendre à délier ce qui est incohérent, de ce qui est cohérent. Il faut rester à l'écoute de soi même et des autres : l'empathie envers soi et les autres.

On se rend compte que parfois les gens font des choses pour de mauvaises raisons, car ils ne s'écoutent pas suffisamment.

Conclusion


J'aimerai ajouter un petit mot, car avec un peu de recul, cet article essaye de faire comprendre qu'il est important de se recentrer sur soi.

De se recentrer sur soi, mais pas de devenir égoïste, ou mal entendant.

Il s'agit de se donner plus d'écoute à soi même, plus d'empathie... tout en préservant l'écoute qu'on a des autres, et l'empathie qu'on peut leur donner.

Il faut essayer de sortir du jugement qu'on a de soi même, ou des autres, pour apporter plus de douceur, et d'acceptation.

Il est intéressant en tout cas, de voir, que différents courants poussent le "développement personnel" vers des directions communes : La bienveillance envers soi même, l'auto empathie, le fait d'apprendre que nous sommes seuls responsables de nos émotions et de notre vie.

C'est d'une terrible complexité, soyons clairs. C'est un chemin à emprunter, et chacun aura le sien. N'hésiter pas à vous faire aider.

Je suis également à votre disposition.


jeudi 17 septembre 2020

Ce que la CNV m'a appris

 La vie est faite de rencontre, et l'une de ses rencontres m'a apporté des rudiments autour de la CNV.

J'aimerai vous partager quelques éléments qui ont modifié ma vision du monde.


OSBD

Je me suis rendu compte que les personnes autour de moi, qui ont eu une "initiation" à la CNV, n'ont retenu que l'outil nommé OSBD.

O : Observation : je pars d'un fait, une observation dans mon environnement, et surtout dans mon présent.

S : Sentiment : Je regarde en moi, ce que cette observation provoque en moi en terme de sentiment (colère, tristesse, joie)

B : Besoin : je détermine à quel besoin, ce sentiment se réfère. Si je suis triste, c'est qu'un de mes besoins est impacté négativement. 

D : Demande : Je fais une demande auprès de mon entourage, afin de déclencher un mouvement afin de satisfaire le besoin, sur lequel j'ai un déficit.

Effectivement, cet outil permet de se centrer sur soi, et d'apprendre à effectuer des demandes pour satisfaire ses propres besoins, et donc se sentir mieux.

Mais il y a plusieurs dérives à cela, si on n'utilise l'outil, sans avoir été influencé par l'esprit de la CNV.

1/ On utilise cet outil comme d'une excuse pour faire des demandes, et s'offusquer de la réaction des autres, en se protégeant sous le sceau, oui mais j'ai fait une demande CNV, je ne comprends pas pourquoi il réagit comme cela.

2/ On confond demande et exigence, et on se retrouve dans une posture égoiste sous couvert encore une fois de la CNV.

Demande et exigence

La différence entre une demande et une exigence, c'est que lorsque vous faites une demande, vous pouvez imaginer que la personne en face de vous, peut vous dire non, et c'est tout à fait entendable.

ex :  

A : J'ai vu une affiche dans le métro, je me sens excité, car j'aimerai voir ce film. Je ressens un besoin de partage, et de détente. J'aimerai aller au cinéma ce soir avec toi. 

B: Non, je suis fatigué, j'aimerai me coucher tôt ce soir.

Là où ne s'arrête pas la CNV, c'est que ce n'est pas juste un manière d'exprimer à l'autre des demandes.

Il s'agit aussi de comprendre que ce qui est valable pour soi, est valable pour autrui également. Il est également dans une dynamique, de sentiment qui le relie à ses besoins, et qu'il a aussi besoin de nourrir ses propres besoins.

Il y a donc une notion d'acceptation d'autrui qui est très importante.

Acceptation

Le travail de la CNV commence par un travail interne assez profond.

Il s'agit d'apprendre à s'écouter, à écouter ce qu'on ressent, et en fait à prendre le temps de s'écouter.

Et de se poser la question, qu'est ce qui fait que je ressens cela? Mais pas dans le sens externe de la chose. Il ne s'agit pas d'énumérer les stimuli, mais plutôt de comprendre quels sont les besoins en soi qui sont nourris, ou au contraire qui sont frustrés, car en disette.

Quand on me refuse une invitation à dîner, qui est un stimulus, je peux me sentir triste pour différentes raisons, et donc différent besoin qui demandaient à être nourris:

  • besoin de connexion (passer du temps avec autrui)
  • besoin de considération (que quelqu'un prenne du temps pour moi)
  • besoin d'amusement (j'avais envie de passer du bon temps avec toi ou autrui, peu importe)
  • besoin de partage (c'était l'occasion pour moi de te partager des nouvelles sur ma carrière, ma famille, ...)
Ce n'est donc pas son refus qui est à mettre en cause. Il s'agit de voir quel besoin en moi est "frustré", et de déterminer par quel moyen différent je pourrai l'alimenter. Si j'avais un besoin de partage, finalement, je peux l'appeler, cela sera moins "fun" mais peu importe. Si c'est un besoin de considération, alors je vois avec lui quel jour pourrait lui convenir. Si c'est un besoin d'amusement, je peux choisir de sortir seul dans un bar, et prendre du bon temps au hasard d'une rencontre.

Ce qui est important à comprendre, c'est que ce n'est pas la faute d'autrui si on se sent mal. Ce n'est qu'un stimuli, si je carricature. La personne en face, a complètement le droit d'être indisponible, et a ses propres besoins à nourrir, et son propre contexte.
Elle ne cherche pas à nous nuire sciemment. 

Il y a donc un enjeu, d'acceptation, acceptation de soi, et de ses propres besoins, et acceptation d'autrui, et du fait qu'il a son propre contexte, que nous ne devons pas forcément comprendre.
 

Jeux de pouvoir & colère

Il est intéressant de comprendre, que par cela, on va essayer de quitter les jeux de pouvoir/domination, pour aller vers plus d'authenticité.

Du fait, qu'on a compris, qu'on est responsable avant tout de soi même, et que c'est dans soi qu'il faut puiser les ressources nous permettant d'être heureux, on va pouvoir quitter les jeux de domination, pour aller vers plus d'authenticité.

Les jeux de pouvoir sont des systèmes qui permettent de prendre l'ascendant sur quelqu'un à son détriment, et souvent c'est une relation perdante perdante. Mais  c'est aussi le moyen le plus courant de trouver de la satisfaction, et de penser répondre à ses besoins.

Déclencher de la culpabilité chez autrui, par exemple, pour le "forcer" à agir dans son sens est très courant. Plutôt que d'être dans la compréhension, et l'empathie, on va chercher à faire plier l'autre par différents jeux, pour satisfaire son propre égo.

Au travers de la CNV, nous connaissons nos besoins profonds, et nous savons qu'il existe différentes manières de les nourrir, et quand bien même, si ce n'est pas possible dans l'instant, il est plus important de ne pas créer de "violence" avec autrui, plutôt que de satisfaire de manière égoiste son besoin.

Nous essayons autant que possible d'aller vers l'authenticité, en exprimant ce que nous pouvons ressentir, mais ces sentiments nous appartiennent, il n'y a pas lieu de culpabiliser quelqu'un ou quelque chose pour cela. C'est une forme d'honnêteté émotionnelle. Et en être responsable, ne pas remettre dans les mains d'autrui la responsabilité de son propre état.

La colère fait partie à mon sens des jeux également. Il est plus facile de reprocher quelque chose à autrui, il est plus facile de lui nuire par une forme de violence, que de regarder en nous, ce qui se passe, et comprendre quelle frustration se joue en nous, et se manifeste par de la colère.

La colère est le signe que nous passons beaucoup de temps dans notre tête à juger, à faire des hypothèses sur les intentions de l'autre, à établir qui mérite d'être puni, à refaire le monde en pensant à ce qui aurait du être fait ou non. C'est le signe qu'on perd contact avec nous mêmes.

La colère ne devrait jamais être dirigé vers autrui, mais doit être une énergie qu'il faut canaliser, pour travailler pour soi. Elle a une force motrice énorme... Utilisons là pour mener des actions qui vont nous faire du bien. Par contre utiliser contre autrui, c'est une dépense d'énergie énorme, qui nous épuise, et qui ne mène à rien de positif. Il n'y a même pas réellement de soulagement.


Conclusion

Je pense qu'il est clair, qu'on est très loin d'un simple outil de communication. C'est une démarche personnelle très profonde, et avant d'avoir le coeur d'une girafe, le coyote va venir régulièrement parler à notre place.

En tous les cas, en terme de développement personnel, j'encourage les gens à s'intéresser à la CNV. Elle permet d'apprendre beaucoup sur soi, sur ses mécanismes, sur la manière d'interagir avec autrui, et de la difficulté d'être authentique.

Je vous encourage également, à cotoyer des personnes aguéris, pour vous aider à bien comprendre cette philosophie, et ne pas rester uniquement dans le processus ou l'outil, mais d'aller vers le vivant, ... car il s'agit bien d'apprendre à mieux vivre avec soi même, et avec autrui.


dimanche 13 septembre 2020

Ce que m'apporte l'eneagramme

Suite à une rencontre, j'ai découvert le mot Ennéagramme.

Il s'agit d'une méthode de développement personnel selon wikipédia :D
C'est quelque chose qui reste très en marge et qui malgré son âge, a une reconnaissance limitée.
Je ne maîtrise pas suffisamment pour en voir les limites, et critiquer raisonnablement le sujet.

En quelques mots, l'enneagramme propose une catégorisation des comportements, et des compulsions des gens en 9 catégories.
Chaque "type" est un "stéréotype" comme on peut le trouver dans d'autres outils de profils.
Mais celui ci a cela d'intéressant, qu'il se base avant tout sur nos "défauts", nos compulsions, nos méthodes de défense.
On reconnaît son profil en y voyant nos propres compulsions, défauts, y apparaître.

Bien entendu, plus que ces 9 types, on y retrouve des sous types, et encore plus à l'intérieur des niveaux de maturité.
Cela donne une très grande richesse de déclinaison et peut être aussi une forme d'obscurantisme parfois, qui peut paraître tendre à l'astrologie.

Malgré tout, au delà de la surface, ma propre étude de ce système m'apporte beaucoup, et entre dans ma panoplie de travail, pour mieux comprendre le monde qui m'entoure, les gens qui m'entourent. Cela reste très intéressant, et riche d'enseignements. Je ne serai pas dogmatique, et n'en ferai pas ma profession.

Deux choses m'ont beaucoup intéressé dans cette étude de l'Ennéagramme : 

  • La découverte de profil, et l'acceptation de la différence d'autrui
  • La découverte que chacun peut avancer, et se développer

Acceptation de la différence d'autrui

Certains pourraient me considérer comme niais, et c'est peut être vrai, et chacun apprend à certaines périodes de sa vie.
Ce qui m'a tout particulièrement frappé dans cette étude de l'Ennéagramme, est de voir qu'on pouvait catégoriser des profils de personne sous 9 types macro. 
Au final, nous sommes tous composés de ces 9 types, chacun de nous est de temps en temps, perfectionniste, ou altruiste, ou rêveur, ou leader, ... Plus ou moins, et temporellement plus ou moins souvent. Mais le plus souvent, nous avons développé des mécanismes de défense dans notre enfance, pour nous protéger, et nous créer un environnement "sûr". Fort de l'expérience de ces mécanismes qui nous ont apporté une sécurité, à chaque fois que nous les avons déclenché, et parfois avec des effets secondaires mal maîtrisées, nous les déclenchons en automatisme toute notre vie, plus ou moins fortement.
Ces peurs nous font entrer dans un profil ou dans un autre. Et nous avons en nous, une peur dominante (peur du rejet de l'autre, peur d'être dominé, peur de ne pas bien faire, peur d'être comme les autres, ...).
Ce qui nous raccroche à un type Ennéagramme.
Et quand je lis, ces profils, on voit des mécanismes comportementales qui sont décrits, et qui sont plutôt intéressants, et que j'ai pu observer (chez moi même, ou chez d'autres), donc qui ne sont pas déconnants.
En tous les cas, il est intéressant est de voir, que chacun va trouver une réponse adéquate à son environnement, car il a en lui, des mécanismes de protection naturelle. Et j'ai observé des récurrences de ces comportements chez des personnes autour de moi, comme si elles étaient dans une sorte de boucle coutumière. Et elles font majoritairement les actions décrites de leur type, de manière très cohérentes.

Et Donc ?

J'avais une certaine croyance à une époque de ma vie, qui était que tout le monde était fait du même bois, et que les travers de chacun pouvait être corrigé vers un tronc commun plus "normal", et "bien".
C'était je vous l'accord quelque chose d'assez intolérant.
Et même si avec l'âge, je devins plus tolérant, vis à vis des comportements propres à chacun, et respectueux de l'identité de chacun, j'avais l'espoir de pouvoir amener certains vers ma propre vision de comportement, pour les rendre meilleurs, ou à l'image d'une vision que j'avais.
Et je pense que beaucoup de personnes pensent de même, notamment quand je vois la plupart des managers espérer que leur collaborateur embrasse le moule pensé pour eux. 
Peu importe, je me rends compte que ce mode de pensée est une gageure.

En étudiant l'Enneagramme, j'ai acquis beaucoup plus d'acceptation envers les comportements des gens. Je suis passé dans une étape où je me suis dit, effectivement, il est 6, je sais qu'il est inquiet par nature, c'est relié à son type. Qui est une forme d'excuse, pas réellement une acceptation, mais plus de la compréhension. D'autant que, qui suis je pour dire qu'il est 6.

Aujourd'hui, je me sens beaucoup plus dans l'acceptation de la différence, et la mienne par la même occasion. Chaque être a créé son propre moule unique, fait de vie passée, de vie à venir, de peur, de joie, d'envie... En tous les cas, accepter que l'autre est différent, et qu'il n'y a pas de normalité, et encore mois de normalité vers laquelle ramener l'autre, sont des pensées importantes qu'il faut cultiver.

Du coup, il devient amusant d'observer les gens tels qu'ils sont, et de voir une certaine prédictibilité dans leur comportement, et de le voir comme un tout. C'est vraiment cela qui est important, il ne faut pas voir le comportement des autres comme des défauts, ou des "ça laisse à désirer", ou "pourquoi il fait cela", pensé de manière péjorative.
Chacun a sa manière d'agir, qui correspond à des mécanismes créés pour se protéger, se défendre, se sentir bien. Des mécanismes éprouvés longuement dans leur passé, et qui donne majoritairement un résultat aidant. Peut être pas toujours le plus approprié, mais il est connu, maîtrisé, et est rassurant.
Ce ne sont pas des actes contre les autres, ce sont des actes pour soi, dirigé vers son bien être, et sa propre construction.

Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas en sortir, ou évoluer... d'où le développement personnel.


Le développement personnel


Cette partie est encore un peu floue pour moi.
Néanmoins, il est intéressant de travailler sur cet observateur intérieur, un peu dans l'ordre de l'attitude "Mentat", pour la prise de recul, et s'auto observer sous l'angle de l'analyse.

Un petit jeu consiste à reprendre les 15 dernières minutes écoulées, et d'essayer de voir ce que nous avons fait ou dit, et surtout d'en voir les motivations qui nous ont poussées à faire ceci de cette manière.

C'est en comprenant ses mécanismes intérieurs, ses réactions automatiques, qu'on peut essayer de les modifier. il est difficile de combattre une vie entière d'auto protection grâce à ses automatismes.
Mais parfois on se rend compte que ces automatismes nous ont nui plus qu'ils nous ont servi.
Se débarrasser d'un problème plutôt que de le résoudre, refuser une main tendue, plutôt que d'admettre sa "faiblesse" ou son besoin.

De mon point de vue, il est question d'utiliser cette énergie, d'une autre manière. Plutôt que de se défendre, et de se protéger sans cesse, il est possible d'utiliser cette énergie pour s'ouvrir et avoir des comportements plus constructifs, qui nous aident à aller de l'avant.

En cela, l'observation est importante, pour détecter, quand on s'est fermé (dans une forme d'auto protection, ou de non prise de risque), plutôt que de s'ouvrir?

Chaque type a ses mécanismes de défense, mais aussi des routes d'ouverture. L'eneagramme apporte des pistes de lecture, sur ce à quoi ressemble quelqu'un qui s'"éveille", et qui selon le vocabulaire, laisse de côté son "ego" pour écouter son "essence". Cela reste des propositions, des pistes, et non une "bible" qu'il faut suivre à la lettre. Chaque individu est différent, même si on retrouve des trames communes dans certains comportements. Comme tout modèle sur le comportement, ou les personnalités, il doit rester un outil, ouvrant les portes de la compréhension, sans en être la compréhension elle même.

Je pense qu'il y a là, quelques risques de détournement. Certains pourraient se prendre pour des gourous, en utilisant l'Eneagramme comme une source de vérité, dispensé à des disciples, avec une quête de soi, et surtout ensuite une épuration de l'âme.

Les personnes avec qui je discute de ce sujet, restent très prudentes quant à l'utilisation en terme de développement personnel. Cela reste avant tout un chemin personnel, qui peut aider à mieux se comprendre, et à tirer parti de cette compréhension pour avancer, et "être meilleur", mais "être meilleur" pour soi même.