Sensation d'injustice : Pourquoi dois je toujours faire des efforts et pas l'autre?
Une des problématiques liés au développement personnel est le fait de se différencier, et de vivre autrement.
D où vient ce sentiment d'injustice?
C'est un signe que nous sommes sur le chemin, et que nous n'avons pas encore passé cette étape d'empathie envers le monde, de mon point de vue.
J'ai de la compréhension pour ces personnes qui vivent cette injustice. En effet, vous avez fait "des efforts", terme sur lequel je reviendrai, vous avez vécu des formations, vous avez lu, écouté, regardé tout un tas de choses pour mieux comprendre, et vivre vos relations.
Et effectivement, cela serait tellement plus facile si votre partenaire dans votre relation avez fait la même chose, vous pourriez vous rejoindre dans un lieu de compréhension, avec des éléments de théorie commune, un temps à analyser ce qui se passe, à prendre le temps à vivre la relation pleinement.
Et c'est très rarement le cas. Vous avez passé tout ce temps, et vous avez la compréhension, et malgré tout, vos relations restent compliquées. Car quelque soit le niveau d'authenticité que vous utilisez pour exprimez vos besoins, vos sentiments, le tourbillon qui vous habite, en bienveillance, et en utilisant tous ces préceptes, l'autre ne réagit pas de la manière qui vous conviendrait.
Vous êtes toujours en train de ramer dans votre relation, et finalement, vous avez l'impression qu'il n'y a que vous qui ramiez.
Effectivement, vous ne pouvez pas imposer à l'autre qu'il change, ou qu'il s'intéresse à différentes choses car vous mêmes vous le faites. C'est un chemin personnel, et presque intime.
Le terme "Effort"
Il y a plusieurs pistes pour travailler ce sujet "injuste". Le mot "efforts" est déjà un mot significatif. Tandis que vous pensez faire des efforts (pour apprendre, comprendre, écouter l'autre), l'esprit humain attend une récompense. Et ce qu'on nous appris dans notre éducation, tout effort mérite récompense. Alors posez vous la question de est ce que c'est un effort? Pourriez vous considérer cela différemment? Quitter l'espace d'effort, pour vous rappeler que si vous avez fait tout cela, c'est pour grandir, vous améliorer, être une meilleure personne, et que la récompense potentiellement vous l'avez déjà, car vous vous êtes développés. Peut être peut on voir cela comme un plaisir qu'on s'est donné, octroyé, de prendre du temps pour soi, pour se changer, mieux vivre sa vie, ses relations. Quitter l'espace de l'effort, cela fera déjà une différence, et quittera l'attente, et l'amertume.
Besoin de reconnaissance
Quand j'entends ce mot effort aussi, je peux me demander si derrière tout cela, il n'y a pas un besoin de reconnaissance qui pointe son nez. Regarde moi j'ai fait des efforts, reconnais moi dans mon évolution. Il y a plusieurs choses qui m'intéressent là dedans. Déjà être vu dans son "effort" ou dans son évolution. C'est clairement un besoin de reconnaissance. Et on va parler ensuite, c'est une manière potentielle de se déresponsabiliser. L'autre n'est pas assez ceci, il ne fait pas cela. C'est donc de sa faute, je ne peux rien y faire. La victimisation et la déresponsabilisation sont des outils puissants, que nous aimons beaucoup utilisé, car cela nous affranchit de faire un effort, pour mieux appréhender la situation, et se remettre en question. J'en parle plus loin, de ce sujet difficile, d'aller regarder chez soi.
Jeux psychologiques pour le bien de "nous"
Aussi, cela me donne l'impression qu'en disant "regarde mes efforts", ou en s'en convainquant soi même, cela nous donne une légitimité dans la relation, qui ferait stopper le moment difficile, pour que l'autre vous rejoigne dans cet espace auquel vous aspirez. Stop, regarde, j'ai la vérité, on peut vivre différemment, ce que tu fais est mal (jugement) ou maladroit (jugement). Laisse moi te montrer comment il faudrait faire. Cela génère une potentielle infantilisation, donc un rejet / rébellion. Rare sont les personnes à qui ont dit qu'ils ont tort, apprécie ce retour pour faire un pas de côté et se dire, ha oui, tiens, si je regardais ce que je pourrai faire de mieux? D'autant plus quand on est dans un moment difficile de la relation, où le jeu le plus courant est de faire porter la responsabilité de ses émotions désagréables sur l'autre.
Vouloir montrer votre monde meilleur
Ensuite, dans la relation, vous avez appris des choses, vous vous êtes entrainés, vous êtes devenu compétents, et ce qui paraissait une montagne, aujourd'hui, vous le voyez du haut de cette montagne, et vous admirez les couleurs de la vallée, de la lumière, la douceur du vent (qui paraissait aller contre vous tout le long de la montée). Et vous voyez tous ces gens en bas de la montagne, qui ne peuvent pas voir ce que vous voyez. Vous voyez aussi ceux qui peinent sur le chemin. Rappelez vous votre propre vie, il n'y a pas si longtemps. Vous au fin fond de la vallée, qui ne voyez la montagne que par ciel clair, et n'imaginiez pas qu'un jour vous la graviriez pour voir ce qui se passait une fois là haut.
Reprenez conscience de cela, et tournez votre esprit, sans arrogance, ni domination, mais juste avec empathie vers ces gens qui n'ont pas fait ce chemin, en vous rappelant votre propre ignorance de hier, et ce qu'il a fallu pour qu'un jour vous preniez la décision d'aller sur ce chemin.
De cette même hauteur, prenez conscience que l'autre n'a pas vos connaissances, entraînement. Il n'a peut être même pas connaissance que cela puisse exister de vivre une relation d'une manière différente. Ce qui nous semble évident, n'est malheureusement pas toujours accessible par l'autre. Nous oublions souvent que la connaissance que nous avons est issu d'un chemin. Sur ce chemin, nous avons rencontré la nécessité de changer, l'envie de changer, les déconvenues dans nos essais, l'espoir, des outils, des personnes qui vous ont soutenu. Finalement, ce n'est pas en voulant que l'autre soit "meilleur" qu'il va le devenir.
Vouloir sauver ou changer
Il vient aussi le temps où nous voulons "sauver" l'autre, car quelque part nous avons découvert une baguette magique, et on nous a dit que cela allait changer plein de choses et que cela marchait. Nous sommes dans ce moment, où nous voudrions que les autres apprennent aussi, et nous rejoignent dans ce rêve, ce doux pays où le monde est plus harmonieux, facile, tranquille.
Mais encore une fois, ce désir de changement, même si vous pensez convaincre l'autre, en lui en montrant tous vos espoirs, ce désir au final lui appartient.
Ce que je me rends compte aussi, et peut être est ce l'une des parties les plus dures à entendre, que nous restons longtemps dans cette phase où nous espérons que l'autre change. Si tel est le cas, c'est que notre chemin n'est pas encore accompli par ailleurs. C'est ma conviction. Tant que nous nous concentrons sur l'autre, sur le fait qu'il est ceci, ou n'est pas cela, et s'il faisait cela, et s'il changeait en apprenant, c'est que nous n'avons pas entièrement intégré ceci ou cela.
Ce qui nous dérange chez l'autre, c'est notre propre incapacité la plupart du temps.
Etre en paix avec soi même
Le plus dur est de vivre en paix avec soi même, avoir pris le temps de se connaître, de connaître ses blessures, les éléments qui nous stimulent. Ce faisant, nous devenons plus résilient dans la relation. Finalement moins de choses nous touchent, et nous font réagir "négativement". La vraie liberté démarre là. Quand nous ne sommes plus en train de réagir sans cesse à des stimuli que les autres nous tendent.