mardi 22 avril 2025

Vivre avec les autres : sensation de toujours faire des efforts

 Sensation d'injustice : Pourquoi dois je toujours faire des efforts et pas l'autre?


Une des problématiques liés au développement personnel est le fait de se différencier, et de vivre autrement.

D où vient ce sentiment d'injustice?


Il y a plusieurs choses difficiles quand on entame ce mouvement de changement. L'une de celles ci est une forme d'injustice ressentie que nous faisons toujours des efforts vis à vis des autres, et que ceux ci n'en font pas ou pas assez.


C'est un signe que nous sommes sur le chemin, et que nous n'avons pas encore passé cette étape d'empathie envers le monde, de mon point de vue.


J'ai de la compréhension pour ces personnes qui vivent cette injustice. En effet, vous avez fait "des efforts", terme sur lequel je reviendrai, vous avez vécu des formations, vous avez lu, écouté, regardé tout un tas de choses pour mieux comprendre, et vivre vos relations.

Et effectivement, cela serait tellement plus facile si votre partenaire dans votre relation avez fait la même chose, vous pourriez vous rejoindre dans un lieu de compréhension, avec des éléments de théorie commune, un temps à analyser ce qui se passe, à prendre le temps à vivre la relation pleinement.


Et c'est très rarement le cas. Vous avez passé tout ce temps, et vous avez la compréhension, et malgré tout, vos relations restent compliquées. Car quelque soit le niveau d'authenticité que vous utilisez pour exprimez vos besoins, vos sentiments, le tourbillon qui vous habite, en bienveillance, et en utilisant tous ces préceptes, l'autre ne réagit pas de la manière qui vous conviendrait.

Vous êtes toujours en train de ramer dans votre relation, et finalement, vous avez l'impression qu'il n'y a que vous qui ramiez.


Effectivement, vous ne pouvez pas imposer à l'autre qu'il change, ou qu'il s'intéresse à différentes choses car vous mêmes vous le faites. C'est un chemin personnel, et presque intime.


Le terme "Effort"


Il y a plusieurs pistes pour travailler ce sujet "injuste". Le mot "efforts" est déjà un mot significatif. Tandis que vous pensez faire des efforts (pour apprendre, comprendre, écouter l'autre), l'esprit humain attend une récompense. Et ce qu'on nous appris dans notre éducation, tout effort mérite récompense. Alors posez vous la question de est ce que c'est un effort? Pourriez vous considérer cela différemment? Quitter l'espace d'effort, pour vous rappeler que si vous avez fait tout cela, c'est pour grandir, vous améliorer, être une meilleure personne, et que la récompense potentiellement vous l'avez déjà, car vous vous êtes développés. Peut être peut on voir cela comme un plaisir qu'on s'est donné, octroyé, de prendre du temps pour soi, pour se changer, mieux vivre sa vie, ses relations. Quitter l'espace de l'effort, cela fera déjà une différence, et quittera l'attente, et l'amertume.

Besoin de reconnaissance

Quand j'entends ce mot effort aussi, je peux me demander si derrière tout cela, il n'y a pas un besoin de reconnaissance qui pointe son nez. Regarde moi j'ai fait des efforts, reconnais moi dans mon évolution. Il y a plusieurs choses qui m'intéressent là dedans. Déjà être vu dans son "effort" ou dans son évolution. C'est clairement un besoin de reconnaissance. Et on va parler ensuite, c'est une manière potentielle de se déresponsabiliser. L'autre n'est pas assez ceci, il ne fait pas cela. C'est donc de sa faute, je ne peux rien y faire. La victimisation et la déresponsabilisation sont des outils puissants, que nous aimons beaucoup utilisé, car cela nous affranchit de faire un effort, pour mieux appréhender la situation, et se remettre en question. J'en parle plus loin, de ce sujet difficile, d'aller regarder chez soi.

Jeux psychologiques pour le bien de "nous"

Aussi, cela me donne l'impression qu'en disant "regarde mes efforts", ou en s'en convainquant soi même, cela nous donne une légitimité dans la relation, qui ferait stopper le moment difficile, pour que l'autre vous rejoigne dans cet espace auquel vous aspirez. Stop, regarde, j'ai la vérité, on peut vivre différemment, ce que tu fais est mal (jugement) ou maladroit (jugement). Laisse moi te montrer comment il faudrait faire. Cela génère une potentielle infantilisation, donc un rejet / rébellion. Rare sont les personnes à qui ont dit qu'ils ont tort, apprécie ce retour pour faire un pas de côté et se dire, ha oui, tiens, si je regardais ce que je pourrai faire de mieux? D'autant plus quand on est dans un moment difficile de la relation, où le jeu le plus courant est de faire porter la responsabilité de ses émotions désagréables sur l'autre.

Vouloir montrer votre monde meilleur

Ensuite, dans la relation, vous avez appris des choses, vous vous êtes entrainés, vous êtes devenu compétents, et ce qui paraissait une montagne, aujourd'hui, vous le voyez du haut de cette montagne, et vous admirez les couleurs de la vallée, de la lumière, la douceur du vent (qui paraissait aller contre vous tout le long de la montée). Et vous voyez tous ces gens en bas de la montagne, qui ne peuvent pas voir ce que vous voyez. Vous voyez aussi ceux qui peinent sur le chemin. Rappelez vous votre propre vie, il n'y a pas si longtemps. Vous au fin fond de la vallée, qui ne voyez la montagne que par ciel clair, et n'imaginiez pas qu'un jour vous la graviriez pour voir ce qui se passait une fois là haut.

Reprenez conscience de cela, et tournez votre esprit, sans arrogance, ni domination, mais juste avec empathie vers ces gens qui n'ont pas fait ce chemin, en vous rappelant votre propre ignorance de hier, et ce qu'il a fallu pour qu'un jour vous preniez la décision d'aller sur ce chemin.


De cette même hauteur, prenez conscience que l'autre n'a pas vos connaissances, entraînement. Il n'a peut être même pas connaissance que cela puisse exister de vivre une relation d'une manière différente. Ce qui nous semble évident, n'est malheureusement pas toujours accessible par l'autre. Nous oublions souvent que la connaissance que nous avons est issu d'un chemin. Sur ce chemin, nous avons rencontré la nécessité de changer, l'envie de changer, les déconvenues dans nos essais, l'espoir, des outils, des personnes qui vous ont soutenu. Finalement, ce n'est pas en voulant que l'autre soit "meilleur" qu'il va le devenir.


Vouloir sauver ou changer

Il vient aussi le temps où nous voulons "sauver" l'autre, car quelque part nous avons découvert une baguette magique, et on nous a dit que cela allait changer plein de choses et que cela marchait. Nous sommes dans ce moment, où nous voudrions que les autres apprennent aussi, et nous rejoignent dans ce rêve, ce doux pays où le monde est plus harmonieux, facile, tranquille.

Mais encore une fois, ce désir de changement, même si vous pensez convaincre l'autre, en lui en montrant tous vos espoirs, ce désir au final lui appartient.

Ce que je me rends compte aussi, et peut être est ce l'une des parties les plus dures à entendre, que nous restons longtemps dans cette phase où nous espérons que l'autre change. Si tel est le cas, c'est que notre chemin n'est pas encore accompli par ailleurs. C'est ma conviction. Tant que nous nous concentrons sur l'autre, sur le fait qu'il est ceci, ou n'est pas cela, et s'il faisait cela, et s'il changeait en apprenant, c'est que nous n'avons pas entièrement intégré ceci ou cela.

Ce qui nous dérange chez l'autre, c'est notre propre incapacité la plupart du temps.

Etre en paix avec soi même

Le plus dur est de vivre en paix avec soi même, avoir pris le temps de se connaître, de connaître ses blessures, les éléments qui nous stimulent.  Ce faisant, nous devenons plus résilient dans la relation. Finalement moins de choses nous touchent, et nous font réagir "négativement". La vraie liberté démarre là. Quand nous ne sommes plus en train de réagir sans cesse à des stimuli que les autres nous tendent.

lundi 24 mars 2025

Confiance en soi ou Domination

Confiance en soi ou domination?


Je me rends compte qu’aujourd’hui, beaucoup de valeurs admirées – maturité, réussite – ne sont pas forcément les meilleures pour nous. Et si ce qu’on t’apprenait te freinait plus qu’il ne te libérait ?

Une société dans le paradigme de la compétition


Nous vivons dans une société qui reste dans des niveaux de conscience où la domination est le modèle le plus courant. Clare Graves décrit la spirale dynamique, et montre que le niveau orange est le mème dominant - celui de l'efficacité, de la compétition, où la réussite se mesure souvent par le pouvoir sur autrui.  Je peux le voir dans les relations, chacun essaye de trouver sa place, et la place est meilleure si je suis au dessus de l'autre, ou en position de domination.


La domination mode d'emploi au quotidien


Comment je peux détecter un domination? La personne me donne des conseils, alors que je n'ai rien demandé (elle se pose en sachant, et a un vérité qu'elle veut me donner). Elle me fait remarquer quelque chose que j'aurai "encore" mal fait (posture jugeante, et qui peut venir réveiller chez moi une forme de honte) : j'ai encore oublié de ramener ceci ou de faire cela, je suis encore en retard, j'ai encore fait une faute d'orthographe, j'ai encore oublié de couper les légumes de cette manière, j'ai encore fait trop cuire... Et l'intention peut être de faire grandir l'autre, cela reste une posture dominante.

En Analyse Transactionnelle, Eric Berne appelle ça un jeu du "Parent critique" : sous couvert d’aide, on assoit une supériorité
 
Finalement, les petites taquineries sont affaire de domination aussi. La petite blague qui me fait sourire, parce que je dis dans un groupe ce que tu as fait la dernière fois, une anecdote que tu n'aurais peut être pas voulu dont je parle, ou parce que je raconte que tu as renversé ton verre, du coup, régulièrement je t'appelle le maladroit, en te rappelant de faire attention.
Ou quand je te dis, tu n'aurais pas pris un peu de bidoche, mais c'est mignon chez un homme, ou quand je te fais remarquer tes cheveux blancs (comme si tu ne savais pas que tu en avais).
Brené Brown note que la taquinerie peut lier si elle est voulue, mais sans accord, elle blesse.

Dynamique de pouvoir et intentions

Certains me diront, mais il n'y a pas de mauvaises intentions, et c'est pour rire, on se taquine car on s'aime bien.

En vrai, on ne sait pas ce que l'autre vit, et à mon sens cela reste une relation de domination.
Pour beaucoup, c’est un rite de connexion – une vanne, un rire, une preuve d’amitié – jusqu’à ce que ça blesse, devant la mauvaise personne. On est dans une logique de pouvoir individuel qu’on retrouve dans nos liens, mais le niveau vert (spirale dynamique) commence à la défier.


La confiance en soi

Alors quel est le rapport avec la confiance en soi?

Définitions


Si on reprend une définition de la confiance en soi, c'est la croyance en sa capacité à mener une action, à effectuer une tâche peu importe la difficulté, dans un domaine déterminé. Ma confiance en moi va porter par exemple sur l'écriture d'article. Je sais que j'ai déjà fait, que j'ai des compétences pour le faire, je connais l'argumentation, la structuration, j'ai un champ lexical développé, et je sais formuler mes pensées en des phrases que des gens comprennent.
Très différent de l'estime de soi, qui est la valeur que je me porte. Par exemple, je ne publie pas toujours un article que j'ai écrit, car j'ai une estime moyenne de moi même, qui fait que je peux penser que ce que j'écris n'a pas d'intérêt pour autrui, et que ce n'est pas suffisant bien.
Partant de ces définitions simples, je vois qu'il y a une différence notable avec ce qu'on pense être de la confiance en soi. Combien de fois, j'ai pu entendre "mais quelle confiance en lui, j'aimerai être comme lui/elle". 

Paraître confiant et être confiant


On admire souvent une "confiance d’image" : voix assurée, zéro doute, ton affirmatif. Dans mes années en entreprise, 8 fois sur 10, on louait ça chez des managers masculins qui parlaient fort et décidaient vite. Mais est-ce de la confiance ? 
J'ai travaillé avec des gens qui ont cette image de confiance en soi, et qui vont travailler des nuits entières pour préparer, car ils vivent dans la peur du regard des autres, de ne pas faire assez bien, de ne pas être parfait, il faut peaufiner pendant  des heures chaque couleur, forme, texte, etcetc... Du coup, ont ils vraiment confiance en eux?
Et en même temps, je connais des experts, avec une compétence reconnue, qui ne dégagent pas cela, ont une forme d'humilité , et se questionnent toujours, ont des doutes, aiment vérifier, et ne vont pas être affirmatifs systématiquement. Pour autant, vous leur donnez une tâche, ils vont l'exécuter sans sourciller.
Je ne veux pas généraliser. Certains ont une confiance en soi, car ils savent très bien faire ce qu'ils font, ils sont des experts, et de ce fait sont affirmatif, et nous mènent là où il faut aller.
Cela crée chez moi des doutes. 


Eduquer les gens à paraître confiants


J'ai pu voir en entreprise des formations de savoir être, proposées à des gens, discrets, introvertis, ou en manque de "confiance en eux". Ces formations concernent la capacité à parler en public, placement de voix, gestuelle, langage non verbale. Des exercices d'assertivité, qui sont surtout des exercices d'affirmation de soi.


Finalement, si on voulait travailler la confiance en soi de la personne, ne faudrait il pas avant tout lui apporter un niveau de compétence suffisant, pour qu'elle se sache experte, ou suffisant compétent pour mener à bien n'importe quelle tâche. Ne faudrait il pas valoriser son travail, et lui montrer que la plupart des gens n'en sont pas capables car bien moins compétents? J'en reviens à la définition.
Est ce que la compétence "confiance en soi" n'est pas en réalité un travail sur des jeux de pouvoir, et comment en sortir gagnant. J'ai su convaincre, prendre l'ascendant sur l'autre ... J'ai travaillé ma posture, ma capacité à jouer sur ma posture physique, l'intonation de ma voix, qui me permet d'être supérieur (timbre de voix, puissance de voix), submerger l'autre par la parole (jusqu'à ce qu'il craque), capacité à résister aux assauts, à avoir de la répartie, à répondre à tout en montrant que je suis sûr de moi (non pas parce que je sais, mais parce que je dois montrer que je sais).


J'ai l'impression que ces personnes savent comment avoir raison, comment convaincre. Ils apportent la vérité. Recevoir un doute, n'est pas recevable. Remettre en question serait un trou dans la carapace de la "confiance en soi".


Moi le consultant


Il fut un temps, où j'ai pu avoir cette posture. Je parle de moi aussi dans cet article, car on m'a demandé de jouer ce rôle, notamment dans mon métier de consultant. J'ai du travailler mon assertivité par exemple. J'ai appris à placer ma voix, et quand je donne une formation, j'ai souvent une voix très posée, plus grave qui fait que les personnes sont attentifs, et dans une forme de subjugation.
J'ai été aussi à une époque très connu pour ma répartie. Savoir répondre du tac au tac. Il était rare que je me laisse faire, et je reprenais la main dans une joute verbale, ou dans une discussion. C'était un jeu pour moi, où je devais ressortir gagnant, sinon c'était l'humiliation. J'humiliais l'autre, et cela me faisait rire. Tout cela étaient des jeux de pouvoirs. Avoir raison, être meilleur, prendre le dessus, gagner. J'avais le dessus.


Ceux qui me connaissent aujourd'hui peuvent être étonnés par cela. Ceux qui l'ont vécu, je leur en demande pardon, et comme certains diraient, il n'y avait jamais eu d'intentions de blesser, sauf qu'aujourd'hui je suis capable de voir, que j'ai pu être blessant, sous couvert d'une bonne blague, d'une taquinerie.


Cet article n'est pas un mea culpa, juste dire que la société nous pousse dans certains endroits, car c'est la place qu'on vous donne, et qu'un jour on peut en prendre conscience, et faire d'autres choix. Celui que j'essaye de faire aujourd'hui, est celui de relations plus authentiques.

Ouverture et invitations

L'ouverture que j'aimerai donner est tout autre.


La charge mentale du manque de confiance en soi


À ceux qui "manquent de confiance", on répète d'imiter ces modèles dominants. Mais est-ce ça, la confiance en soi? Et si on arrêtait de courir après une confiance qui parade ? Je veux une force intérieure qui agit – pas un masque. 
Trop de gens compétents n’osent pas, écrasés par des "diseurs de vérité" sans place pour le doute. Graves l’a vu, un changement dans la société a démarré : le passage d’orange (pouvoir) à vert (collaboration) redéfinit tout – plus humain, moins dominant.
Quand vous voyez une personne qui dégage de la confiance en soi, voyez si c'est une stratégie pour montrer


Je vois beaucoup de personnes qui manquent de "confiance en eux", et à qui tout le monde  répète inlassablement qu'il faut travailler leur confiance en eux. Et en même temps, ils prennent pour modèle des gens qui sont en domination, et dont on loue la "confiance en soi". Posez vous la question de est ce vraiment de la confiance en eux, ou est ce juste des jeux de domination. 
Encore une fois, certaines personnes sont inspirantes par leur confiance en eux, car ils ont un niveau de maîtrise importante dans leur domaine, et se sentent capable de presque tout, et cela reste des modèles.

Se faire confiance


Essayer de revenir à ce qu'est la confiance en soi, et de ce qu'il vous faudrait pour avoir plus confiance en vous. Est ce si important de paraître confiant en soi? Finalement, est ce que la confiance en soi, ne devrait pas n'exister que pour soi (les autres ne devraient pas pouvoir la juger)? Moi seul sait que je peux le faire, et je n'ai pas besoin de l'affirmer, je le fais et c'est tout.


Je vois des gens très compétents qui n'osent pas, car ils n'ont pas cette image. 


Quand je travaille avec ces gens, en manque de confiance en eux, je vois des gens avec des potentiels de fou, des compétences incroyable, et qui le plus souvent ont du mal à croire en eux, car ils ont été écrasés par des diseurs de vérité et qui ne laissent pas de place à des gens qui peuvent avoir des doutes, des questions ….


Le modèle sociétal a été longtemps d'avoir des gens forts, affirmés, sans peur, sans doute. Aujourd'hui, le modèle est en train de changer, et on voit que dans les accompagnements de leader, on leur apporte l'intelligence émotionnelle, l'écoute, la vulnérabilité, la capacité à avoir des doutes, à s'entourer de gens qui ont eux la compétence, le droit à l'erreur.


J’aimerais voir les compétents admirés pour ce qu’ils font, pas ce qu’ils disent pouvoir faire. Et vous, qu’admirez vous vraiment ?

#EveilVivant #Authenticite #Relations